Des jumelages de coeur et de raison

Les communes de la Vienne sont nombreuses à avoir au moins une jumelle en France ou à l’étranger. Ici et là, des liens perdurent, plus ou moins étroits et de différentes natures. 

Claire Brugier

Le7.info

Une, deux, trois...  et jusqu’à vingt-sept pour Cissé ! Dans cette commune de moins de 3 000 habitants, le jumelage est une véritable institution, initiée dès 1989 par le précédent maire Michel Bouchet et perpétuée avec conviction par sa successeure. « Nous avons suivi l’évolution de l’Europe », explique avec simplicité Annette Savin. A douze, l’objectif était de « rédiger une charte des communes rurales d’Europe ». A vingt-huit, il s‘inscrit dans la réflexion du programme « L’Europe pour les citoyens ». Et plus si affinités. En l’occurrence, « sept ou huit familles ont développé des liens très étroits avec des étrangers et, par extension, le jumelage crée aussi du lien social entre les Cisséens. »

Ici comme dans les quelque 170 villes et villages jumelés de la Vienne, ce lien extra-communal se traduit a minima par des échanges culturels et des liens d’amitié. Tout l’enjeu est de le faire vivre, de le renouveler, voire de le rajeunir, comme à Vivonne, jumelée avec Lohra (Allemagne) et Maella (Espagne). « Avec Maella, les liens s’étaient un peu distendus, explique Didier Nocquet, président de Java(*), mais l’an dernier, une classe d’ados espagnols a été hébergés pendant quatre jours chez des collégiens de Vivonne, Gençay et Lusignan. La solution est peut-être là... »

Président d’Unies Cités, association à l’initiative des premières Assises sahéliennes de la coopération décentralisée organisées à Chasseneuil début octobre, Roland Ries constate de fait que « les jumelages ont un inconvénient, c’est qu’il n’y a jamais de « déjumelage ». Alors ils s’étiolent. »  Lui encourage davantage les « partenariats sur quelques années ». Et de compléter : « L’époque où les relations internationales étaient l’apanage des Etats est terminée ; aujourd’hui les collectivités locales sont légitimes. »

Projets partagés

Très actif, le jumelage entre Poitiers et Moundou (Tchad) est soutenu depuis 1989 par la Ville de Poitiers et animé par deux associations jumelles. « Nous identifions un besoin puis nous soumettons notre demande à nos amis », explique le président de l’association tchadienne Salomon Roudlengar. Son homologue française Pascaline Gouadain acquiesce. Travaux d’adduction d’eau, achat de groupes électrogènes ou envoi de livres, les projets ne manquent pas. « Nous fonctionnons comme une petite entreprise », note Pascaline Gouadain, pour qui ce jumelage est avant tout synonyme d’une « ouverture » dont se saisissent à Poitiers « les maisons de quartier, le CHU, l’école de sages-femmes... »

En puisant leurs racines dans l’Histoire, les jumelages entre Vienne et Moselle occupent une place à part dans le paysage local. Pour rappel, en 1939, 200 000 Mosellans ont été accueillis dans la Vienne. « Ils sont repartis, puis des échanges ont commencéSouvent par les équipes de foot, la fanfare ou les donneurs de sang », explique Karine Dufour(**). La formalisation n’est intervenue que plus tard. « Parmi les histoires emblématiques, il y a celle de Bruno Balestra, qui a été le maire de Saint-Genest-d’Ambière de 1973 à 2001. Il avait 3 ans, en 1939, quand sa famille est arrivée de Moselle. »

(*) Jumelage, animation, Vivonne en action
(**) Evacués de Moselle, réfugiés dans la Vienne, Karine Dufour, Edition La Geste.

 

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