La vaccination en pharmacie s’installe

Désormais, les personnes majeures et dites à risques peuvent se faire vacciner en pharmacie, sur tout le territoire français. Le dispositif a pris dans la Vienne, où il était en phase d’expérimentation depuis deux ans.

Steve Henot

Le7.info

La campagne de vaccination contre la grippe est lancée. Une trentaine de personnes sont déjà allées se faire vacciner à la pharmacie Rouger, en centre-ville de Poitiers. « Cela démarre bien, juge Julien Rouger, le titulaire de l’officine. Nous n’avons pourtant pas insisté là-dessus ou fait de pub en amont. » Ce service commence effectivement à être intégré des patients, dans la Vienne. En 2017 et en 2018, le département comme l’ensemble de la région Nouvelle-Aquitaine a participé à la phase d’expérimentation du dispositif. Un test concluant. « La première année, nous avons effectué 70 vaccinations ; la seconde, environ 120 », indique le pharmacien, qui prévoit d’en faire 150 d’ici la fin de la campagne nationale. Le dispositif a donc été étendu à l’ensemble du territoire national. « Dans un contexte de désertification médicale, c’est une initiative qui a du sens », soutient Marie-Hélène Tessier, la présidente du Syndicat départemental des pharmaciens.

117 pharmacies impliquées sur 147

Aujourd’hui, 117 des 147 pharmacies de la Vienne -soit 243 pharmaciens- peuvent vacciner les personnes éligibles au remboursement des vaccins, soit les personnes majeures et dites à risques (femmes enceintes, personnes âgées de 65 ans et plus, etc.). En 2017, au début de l’expérimentation, on ne comptait que 78 officines impliquées. Pour assurer ce service, les pharmaciens ont seulement besoin d’être agréés par l’Agence régionale de santé (ARS) et de disposer d’une « salle de confidentialité », dans leur local. Le processus leur a même été simplifié à partir de cette année : nul besoin de faire une demande d’autorisation préalable, une déclaration auprès de l’ARS suffit. « Le protocole était très lourd lors des deux premières années. Aujourd’hui, il y a moins de contraintes », confie Marie-Hélène Tessier. « Cela diversifie nos activités et nous donne un contact différent avec le public », ajoute pour sa part Julien Rouger.

A l’échelle de la région, ce sont plus de 181 000 vaccinations qui ont été réalisées par des pharmaciens en 2018. « Le dispositif s’ajoute au travail des infirmiers et des médecins, mais il ne s’y substitue pas, insiste la pharmacienne installée à Rouillé. De notre côté, nous avons un travail de persuasion, de pédagogie à faire au moment où nous délivrons le bon de prise en charge. » Les patients y ont, semble-t-il, trouvé leur compte. « C’est un gain de temps, on n’a plus besoin de prendre rendez-vous avec l’infirmier ou de faire la queue chez le médecin », témoigne une dame. Même si certaines habitudes, voire résistances, ont la dent dure… « Cela s’est bien amélioré, constate Marie-Hélène Tessier. L’objectif reste d’augmenter la couverture vaccinale. » A ce titre, Santé publique France a constaté une hausse de +1,4 point (48,7%) l’année dernière en Nouvelle-Aquitaine. Toutefois, des efforts doivent encore être produits, puisque l’ARS vise, à terme, une couverture vaccinale de 75% de la population cible.

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