Jean-Olivier Mercier, viscéralement comédien

Jean-Olivier Mercier. 40 ans. Directeur artistique de la Compagnie de théâtre Plein Vent, en résidence à Chauvigny depuis 2005. Originaire de Toulouse, le comédien met aussi en scène les autres. Signe particulier : a enfilé un costume de Père Noël dans une salle de Bercy pleine jusqu’aux cintres.

Arnault Varanne

Le7.info

Certains veulent devenir pompier ou footballeur, pâtissier ou Youtubeur. Lui voulait être… pape ! Non, vous ne rêvez pas, Jean-Olivier Mercier a songé, gamin, à embrasser la carrière de chef de l’église catholique. « Je demandais à mes parents de m’emmener à la messe, j’étais assez fasciné par l’histoire qu’on me racontait au catéchisme. » Son plan de carrière a échoué. Au coin du zinc, Jean-Olivier Mercier s’en amuse. « Il n’y a qu’une place (de pape, ndlr) et elle n’est pas disponible très souvent ! » A défaut de veiller sur les consciences d’1,5 milliard de fidèles dans le monde, le comédien les éveille depuis une vingtaine d’années.

Toulousain d’origine, ce fils d’infirmière et de médecin généraliste -« un sacerdoce »- a découvert les délices du théâtre dès son entrée en 6e. Et il a tout de suite accroché, sans même jamais avoir vu une seule pièce de sa vie. A croire que le jeu de scène, le fait de « raconter des histoires et donner du plaisir » ont eu raison de son autre vocation de… cosmonaute. Ni costume ecclésiastique ni combinaison spatiale donc pour le Haut-Garonnais, soutenu par ses parents dans son « entreprise ». « lls m’ont toujours dit : « On te suit, mais tu te donnes les moyens de réussir. » » Le message a été reçu 5/5. Après le conservatoire à rayonnement régional de Toulouse, où il a été reçu avec la mention très bien -« ça a validé mes choix »-, Jean-Olivier Mercier a souhaité « poursuivre sa formation ». Direction Agen et la très réputée Ecole de théâtre Pierre Debauche. Cours le matin, répétitions l’après-midi. L’apprenti comédien s’y épanouit et y fait la connaissance de Willy Michardière, originaire de Chauvigny.

« Jouer est un sentiment merveilleux »

Les deux compères ont fondé la Compagnie Plein Vent en 2005 dans la cité des aigles. L’un vit et travaille désormais dans la Baie de Somme, l’autre s’accroche comme une moule à son rocher à la Vienne, sa terre d’adoption. Le directeur artistique de Plein Vent s’épanouit ici, avec la double-casquette de comédien et de metteur en scène. « Le fait de jouer, d’en faire son métier procure une catharsis, c’est un sentiment merveilleux et un peu vertigineux. Au conservatoire, je me souviens d’une scène de Hors les murs de Jean-Gabriel Nordmann qui m’avait marqué. » Il s’amuse de temps en temps de tous ceux et celles qui lui demandent ce qu’il fait comme (vrai) métier, en dehors de jouer la comédie sur scène.

« On est nourri de tous les personnages qu’on incarne et de toutes les rencontres »

A Chauvigny, La Cité des ombres, Les Nuits mystérieuses, Les Vampires de l’aurore hier, Ophélie a disparu (*) aujourd’hui ont rencontré le succès populaire. Preuve que le théâtre ne s’adresse pas qu’à une élite cultureuse parisienne, mais se révèle un excellent médium auprès du grand public dans sa diversité. « Dans mon travail de création et d’écriture, j’ai envie que le spectateur profite du moment. J’aime aussi allumer des petites lumières chez lui. Le théâtre peut et doit faire réfléchir sans être donneur de leçons. » Comme n’importe quel citoyen, Jean-Olivier Mercier a ses « indignations ». Il « n’arrive pas à comprendre » les inégalités qui traversent notre société. Il n’arrive pas davantage à excuser le racisme ordinaire. Et travaille d’ailleurs avec des réfugiés sur un spectacle à découvrir le 16 janvier, à la Maison des étudiants de Poitiers.

« J’ai fait Bercy ! »

Si le théâtre le nourrit au sens propre comme au figuré, il le fait aussi voyager. Notamment en Italie, où le directeur de la Compagnie Plein Vent se sert de son art comme d’un outil d’apprentissage du français. Des années que le partenariat se poursuit. Avec d’autres comédiens, Jean-Olivier Mercier jouera prochainement une adaptation de Notre-Dame-de-Paris. Un nouveau rôle qui, comme les autres, « laissera une trace en moi ». On est nourri de tous les personnages qu’on incarne et de toutes les rencontres », assure-t-il. Y compris le rôle de Père Noël, joué devant 15 000 personnes à Bercy, un soir de représentation d’Holiday on nice. « Avec Sébastien Nivault, qui jouait le deuxième Père Noël, on en rigole encore. Je peux dire : « J’ai fait Bercy ! » »

Le papa de Nina (9 ans) et Léon (4 ans) cultive l’art de la dérision. Car au fond, son rôle de père lui a « permis de prendre du recul et de s’offrir des bouffées d’oxygène ». Son meilleur en somme. Un jour, si la petite flamme ne s’allume plus, Jean-Olivier Mercier a déjà le plan B. B comme boucher. « J’adore travailler la viande et cuisiner ! » Le pape François peut continuer de dormir sur ses deux oreilles.

(*) A voir au musée Sainte-Croix, à Poitiers, le 14 novembre.

 

 

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