Hier
A 25 ans, il est l’un des révélations du rap français. Poussé par Fauve et Nekfeu, Georgio a rencontré le succès avec son deuxième album, Héra, et défend actuellement sur scène son dernier opus, XX5. Sa tournée le mènera, jeudi 7 novembre, au centre socioculturel de la Blaiserie, à Poitiers.
Votre dernier album, XX5, évoquerait votre âge… Que représente-t-il donc pour vous, ce quart de siècle ?
« Il n’a pas de signification particulière. Mais c’est une année où j’ai pris de la maturité, où j’ai eu plus de facilité dans la gestion de ma vie, à répondre à la question de savoir quelle est ma place dans le monde… C’est un âge où j’ai pris conscience de plein de choses, en fait. C’est lié à mon vécu, à tout ce que j’ai pu vivre avec Héra (son deuxième album, ndlr), dans ma vie, mon rapport à l’argent, etc. »
Justement, vous mettez beaucoup de votre vécu dans vos textes, avec une certaine mélancolie, voire une nostalgie…
« Je me suis rendu compte que c’est ce que j’aimais retrouver chez les autres rappeurs. C’est pour cette raison que j’ai envie de l’exprimer. La mélancolie est une part de ma musique qui est très présente, c’est vrai. Mais je ne me sens pas comme quelqu’un de nostalgique. Il m’arrive de parler de mon passé, comme dans la chanson Hier, mais c’est davantage pour dire : « Voilà d’où je viens. ». »
Dans un milieu aussi égocentrique que celui du rap, est-il facile de se faire une place avec un ton plus humble comme le vôtre ?
« Je n’ai jamais eu de problèmes avec ça, pour plusieurs raisons. Je rappe depuis hyper jeune, tous mes pairs m’ont apporté une validation. Je ne me suis donc jamais posé la question de ma légitimité. Je me fous d’être dans le « rap game ». Ma musique touche les personnes qu’elle doit toucher. Quand j’ai sorti Héra, j’ai mis énormément de guitares dedans. Comme d’autres l’ont fait et pour qui ça marche : Lomepal, Roméo Elvis… Aujourd’hui, il y a une grande place pour ce rap qui est à la croisée de la pop. Il y aura toujours de l’égotrip dans le rap, mais pas que. »
Vous vous démarquez aussi par des textes plus soutenus...
« Toutes les personnes qui m’écoutent le font pour mes textes. Je mets toujours un point d’honneur à être compris de tous. Mon but, c’est d’être le plus populaire avec une musique qui soit la plus riche possible, qui tire tout le monde vers le haut. L’amour des mots m’est venu grâce au rap, à des artistes comme Lino, Hugo TSR ou encore Take A Mic, qui ont une manière de rimer bien à eux. »
Vous avez produit votre premier album en crowdfunding, vous êtes très présent sur les réseaux sociaux… Cette connexion est-elle importante à vos yeux ?
« Être présent comme je le suis, lancer des morceaux gratuits sur mes réseaux, c’est une manière de rendre la pareille à ceux qui me soutiennent. Aussi, l’actualité est quelque chose qui m’intéresse de plus en plus. J’ai l’impression qu’il est important, aujourd’hui, d’avoir des prises de position, à travers mes commentaires et les articles que je peux partager. »
Poitiers est l’une de vos dernières dates. Comment avez-vous vécu cette tournée ?
« C’est celle que j’ai préférée car je me sens de plus en plus à l’aise avec mon corps, je me suis énormément amusé sur scène. Je suis content de terminer dans des salles, après une longue période de festivals car je peux prendre un peu plus de temps avec le public, pour improviser… Et la formation que nous avons sur scène (avec Sanka, Rooster et Florian Gouello), pour cette tournée, est la plus puissante que j’ai eue depuis le début. La suite ? Je travaille sur un nouvel album qui sortira en 2020, avec une forme de continuité dans la façon de voir le monde. Je suis plus sur la fin de production que sur le début, mais j’ai la chance de faire un métier qui n’en est pas un. Me retrouver en studio n’est jamais un effort, quelque chose qui serait contraignant pour moi. »
Jeudi 7 novembre, au centre socioculturel de la Blaiserie. Tarifs de 3,50€ à 28€. Billetterie à tap-poitiers.com
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