Le Refuge des jeunes LGBT

Chaque année, de nombreux jeunes sont chassés du domicile familial à cause de leur orientation sexuelle. Un relais de l’association Le Refuge s’est créé dans la Vienne pour leur offrir une écoute et faire connaître cette réalité.

Claire Brugier

Le7.info

« Je pensais qu’elle le savait... Mais quand je lui ai dit que j’étais gay, ma mère m’a mis à la porte. » Yohann Allemand avait juste 18 ans quand il a quitté son village alsacien, direction Paris où il a appris, malgré lui, à survivre seul. Des mois voire des années d’errance l’ont conduit devant la porte du Refuge. « Sans eux, je ne serais sans doute plus là, ou pas comme je suis actuellement... » Alors, comme un juste retour des choses, en mars dernier, le jeune homme a initié dans la Vienne une équipe relais de l’association LGBT, avec pour mission d’accompagner « les jeunes âgés de 18 à 25 ans rejetés du domicile familial pour leur orientation sexuelle ».

A l’échelle de la France, en 2018, Le Refuge a enregistré 5 844 appels ou SMS sur sa ligne d’urgence, dont 832 demandes d’hébergement (soit 25% de plus qu’en 2017). L’association en a satisfait 294 dans ses délégations. Les plus proches se trouvent actuellement à Angers et Bordeaux mais Yohann espère bien proposer un jour un hébergement dans la Vienne.

Communication et prévention

En attendant, chaque fois que l’occasion lui est donnée, il témoigne de son parcours. « Au début, je n’avais pas de toit, je ne connaissais personne, il fallait que je me débrouille. J’appelais le 115 mais il n’y avait pas toujours de la place, alors je dormais dehors. Et puis j’ai rencontré quelqu’un, de plus âgé que moi, et je suis tombé dans la prostitution. C’était de l’argent facile, j’en avais besoin pour manger. Je n’en suis pas fier... » Yohann s’en excuserait presque. « Un jour, j’ai craqué. J’ai fait une grosse connerie, que je regrette. » Overdose de médicaments, réanimation, psychiatrie pendant deux semaines. « Puis je suis retourné dans la rue. J’étais une épave. » 

Sa bouée de sauvetage a pris la forme d’un entrefilet dans le magazine Têtu. Il y était question du Refuge, avec un numéro de téléphone. « Tu prends tes affaires et tu viens ! », lui a aussitôt dit le président de l’association. Peu à peu, Yohann s’est reconstruit, a repris des études à 24 ans puis dégoté un emploi qui lui laisse du temps libre pour, avec d’autres bénévoles, tendre la main à des jeunes en perdition. « Le taux de suicide est sept fois plus élevé chez les jeunes LGBT que chez les autres », note Matthieu, un bénévole.

« Le rôle du relais réside surtout dans un travail de communication, dans les associations, au commissariat, à la Maison de la solidarité, à la Mission locale, à la Maison des étudiants, à la Croix-Rouge, aux Restos du cœur... Partout où les jeunes sont susceptibles de passer », explique Yohann. Le Refuge (agréé Jeunesse et Education populaire), qui recherche des bénévoles, a aussi un rôle de prévention en milieu scolaire. En ville, à la campagne... « Nous ne laissons jamais un jeune à la rue. »

Le Refuge : 06 31 59 69 50 (ligne d’urgence 24h/24 et 7j/7) ou par courriel contact@lerefuge.org

Photo d'archives Le 7

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