Nouvelle espèce humaine : un chercheur poitevin impliqué

Au sein d’une équipe scientifique pluridisciplinaire internationale, le paléoanthropologue poitevin Guillaume Daver vient d’identifier une nouvelle espèce humaine contemporaine d’Homo Sapiens aux Philippines : Homo luzonensis.

Romain Mudrak

Le7.info

Une nouvelle espèce humaine contemporaine d’Homo sapiens vient d’être reconnue par la communauté scientifique mondiale. Une équipe pluridisciplinaire internationale a mis au jour Homo luzonensis, lors de fouilles menées dans la grotte de Callao, sur l’île de Luzon, au nord des Philippines. Parmi les chercheurs à l’origine de cette découverte, figure Guillaume Daver, spécialiste de l’évolution du squelette humain à l’université de Poitiers. 

Le paléoanthropologue poitevin a analysé plus précisément les os des pieds ainsi que des dents et a démontré des différences flagrantes avec ses contemporains. « Les prémolaires étudiées sont dotées de deux à trois racines, alors que chez Homo sapiens il n’y en a qu’une, parfois deux. Par ce caractère et par la morphologie de l’émail et de la dentine, les prémolaires d’Homo Iuzonensis se rapprochent donc de celles des australopithèques et espèces anciennes du genre Homo, telles Homo habilis et Homo erectus, note le Centre national de la recherche scientifique (CNRS) dans un communiqué. En revanche, les molaires sont très petites et ont une morphologie très simple, plus proche de celle d’Homo sapiens. Un individu possédant ces caractéristiques combinées ne peut donc être classé dans aucune des espèces connues aujourd’hui. »

L’endémisme insulaire
La combinaison singulière de plusieurs caractères différencie cette espèce des autres représentants du genre Homo, notamment celles de connues à cette époque en Asie du sud-est comme Homo Sapiens et Homo floresiensis. Homo luzonensis, dont les fossiles sont datés de 50 000 à 67 000 ans, a certainement évolué différemment « sous l’effet de l’endémisme insulaire ». Son origine et les modalités de son arrivée sur l’île de Luzon « restent pour l’instant mystérieuses, précise le CNRS. Toutefois, cette découverte souligne la diversité, la richesse et la complexité des migrations anciennes et de l’histoire évolutive des hominines dans les îles du Sud-Est asiatique. »

Cette découverte, effectuée en réalité entre 2007 et 2015, vient juste de donner lieu à une publication dans la revue Nature. Membre du laboratoire Palevoprim (Université de Poitiers/CNRS),  Guillaume Daver avait déjà fait parler de lui en 2015 avec l’étude des plus vieux outils du monde retrouvés au Kenya.

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