Commerce : l’agglo de Poitiers est suréquipée

Le Schéma commercial de l’agglomération de Poitiers 2019-2025 devrait être adopté dans les mois à venir. Entre autres mesures, le rapport du cabinet Lestoux & Associés préconise un coup de frein sur la construction de nouveaux mètres carrés en périphérie.

Arnault Varanne

Le7.info

Entre 2008 et 2016, le « plancher » des grandes et moyennes surfaces a augmenté de 10% dans l’agglomération de Poitiers. Avec 342 436m2, l’agglo est « suréquipée », en particulier dans l’alimentaire, le bricolage, l’équipement de la maison et les solderies. Ce constat brut, c’est le cabinet Lestoux & Associés (LA !) qui le dresse dans un rapport commandé par la communauté urbaine et restitué aux maires début mars. La surcapacité, remarque LA !, est à mettre en corrélation avec la croissance de la population « deux à trois fois plus faible » de 2010 à 2015.Et même avec la création d’emplois : seulement 2,7% dans le commerce. Bref, l’argument du commerce comme arme anti-chômage ne tient plus. 

Face à ces chiffres, le président Alain Claeys est conscient que Grand Poitiers (à 40 désormais) va devoir « passer d’une logique de croissance de mètres carrés à un objectif de recherche d’enseignes différenciantes ». Autrement dit, freiner le développement de la périphérie, au risque de devoir gérer 20 000m2 de friches. Le rapport préconise de « fixer un plafond maximal de 10 000m2de surfaces de vente supplémentaires entre 2019 et 2025, contre 34 000m2 sur la période précédente ». Autre suggestion : « indexer la croissance des m2 en périphérie sur la résorption de la vacance en centre-ville. » Le taux de vacance y serait actuellement de 10,6%, soit 2,4 points de moins qu’à l’échelle nationale. 

Harry Potter en approche

Engagée dans le programme « Action cœur de ville », Poitiers ne peut évidemment que souscrire à l’antienne du cabinet parisien. Et Alain Claeys n’y va pas par quatre chemins à l’heure de définir ses (nouvelles) priorités :« Le modèle Auchan tel qu’on l’a à Poitiers-Sud est à mon avis périmé car il ne correspond pas aux attentes des consommateurs, orientées par rapport à la mobilité, les circuits courts et la proximité. » Le maire oublie de dire que sous son mandat actuel, la périphérie s’est renforcée à Chasseneuil (cf. n°419), à la Demi-Lune et même en face de l’aéroport. Bref, il est parfois difficile de résister aux sirènes de la construction. 

Quoi qu’il en soit, le Schéma commercial 2019-2025 devrait clairement fixer la ligne, en particulier s’agissant du centre-ville et des centres-bourgs. Promouvoir les circuits courts, faciliter l’implantation de commerces alimentaires, de l’équipement de la personne, aider les commerçants indépendants face au commerce digital, créer un fonds de soutien à l’innovation destiné à financer les nouveaux concepts marchands (boutiques éphémères, pépinières de rues, boutiques de rue…), soutenir la formation et le coaching des commerçants… Le rapport de LA ! fourmille de propositions. Reste à les mettre en œuvre, alors même que plusieurs enseignes indépendantes ont fermé leurs portes récemment. C’est le cas du magasin de prêt-à-porter K and Co, rue de la Regratterie, qui sera bientôt remplacé par Sweets. La chaîne vend des produits dérivés de la saga Harry Potter. Arrivera-t-elle, comme par magie, à redonner ses lettres de noblesse au plateau ? 

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