« Les gens ont encore besoin de leurs élus ! »

La 2e édition du Salon des maires de la Vienne se déroule vendredi, au palais des congrès du Futuroscope. A un an des Municipales, tour d’horizon des sujets brûlants du moment avec Alain Pichon, président de l’Association des maires du département. 

Arnault Varanne

Le7.info

Pourquoi organisez-vous ce salon des maires, 2e du nom ? 
« Avec ce que nous subissons en termes de gigantisme, avoir un salon de proximité où les élus peuvent se parler et échanger leurs expériences est nécessaire. Tous les élus sont les bienvenus pour partager et tirer tout le monde vers le haut. »

L’école constituera le point d’orgue de cette édition. Pour quelles raisons ?  
« L’école, c’est Le grand sujet par excellence. Quand vous traversez n’importe quelle commune à l’heure de la récréation, c’est magnifique. L’école est synonyme de vie et d’avenir et c’est surtout l’une des dernières compétences des communes à part entière. La question consiste à savoir comment concilier la baisse des effectifs avec une réorganisation des écoles, notamment en les regroupant (cf. page 12). Ce n’est pas simple, mais nous travaillons pour trouver des solutions. »

L’année dernière, beaucoup de communes avaient été surprises par la baisse de leur Dotation globale de fonctionnement, accordée par l’Etat. Faut-il s’attendre à la même baisse en 2019 ? 
« Oui, malheureusement ! Beaucoup de communes françaises devraient voir leur DGF baisser d’environ 4% en moyenne. Cela signifie mécaniquement que les autres bénéficieront d’une hausse. En 2018, une seule intercommunalité (Grand Poitiers, ndlr) avait fait de la péréquation sur la partie investissement. Hélas, aujourd’hui, beaucoup de communes n’ont plus la capacité d’investir… Je suis très mécontent de cette situation. On nous dit que ce sont les mécanismes de Bercy. Mais qui pilote le système ? »

« Une trentaine de démissions, c’est inédit »

Selon vous, cette baisse de dotations a-t-elle pour objectif à peine caché de forcer les communes à fusionner ? 

« C’est tout à fait probable. Avec moins de compétences et des budgets en baisse, que peut-on faire ? Maintenant, deux communes pauvres n’ont jamais fait une commune riche. »

Dans ce contexte, quel est le moral de vos collègues maires ? 
« Les élus les plus aguerris gardent le moral car ils ont déjà affronté pas mal de mouvements dans les années précédentes. Après, les plus jeunes ont davantage trinqué. Quand on part avec des projets et qu’on ne peut pas les réaliser, les équipes se découragent. D’où une certaine démobilisation. Et puis, la sociologie des conseils municipaux a changé. Plus d'une trentaine de maires ont démissionné depuis le début du mandat, c’est inédit. »

Paradoxalement, le mouvement des Gilets jaunes vous a-t-il remis en selle ? 
« Les maires ont été utiles dans le Grand Débat national. Je crois que les gens ont encore besoin de leurs élus de proximité, même si c’est pour les engueuler ! D’autant que 80 à 90% sont des quasi-bénévoles. Jusqu’au mouvement des Gilets jaunes, nous étions moins écoutés. Là, nous avons remis la mairie au milieu du village ! »

2e Salon des maires et présidents d’intercommunalité de la Vienne, vendredi, de 8h30 à 17h, au palais des congrès du Futuroscope. La conférence principale se déroulera à 10h45 sur le thème «  Territoire : quelle école pour demain ? ». Sept autres tables rondes sont organisées l’après-midi. Plus d’infos et programme complet sur adm86.fr.


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