mardi 24 décembre
Le Rotary-club organise à Poitiers sa dictée nationale, samedi 16 mars, en partenariat avec le club Soroptimist. Auteur de plus de quatre cent soixante dictées, Jean-Pierre Colignon voue une vraie passion à cet exercice dont il ne se lasse pas. Et point de carabistouille !
Vous êtes aujourd’hui un spécialiste reconnu de la dictée. Quelles sont, selon vous, ses vertus ?
« La dictée permet de développer le vocabulaire en faisant appel à la concentration. Une dictée ne doit pas rassembler des mots tellement difficiles et compliqués que même le meilleur participant obtiendrait quarante-cinq fautes. Mes textes présentent un panel de difficultés (accord du participe passé, des mots composés, des adjectifs de couleur, consonnes simples ou doubles, accents...) pour les juniors et les seniors. Et surtout, elles donnent lieu à des corrigés et commentaires détaillés. J’y tiens ! »
D’où vous vient ce goût pour la langue française ?
« Elle m’a toujours intéressé. A 8-9 ans, je faisais mes propres journaux : j’inventais des articles et je découpais des photos. J’aurais voulu être prof d’histoire, mais la vie m’a fait bifurquer et je suis devenu, à 18 ans et demi, après avoir passé le test professionnel, le plus jeune correcteur de France. En trente ans, j’ai rédigé entre 460 et 470 dictées. »
Comment rédigez-vous vos dictées ?
« Je rédige un texte pour égayer, amuser, avec un contenu ludique. Je pars d’un calembour, un jeu de mot fondé sur une homonymie, puis je brode un texte, une histoire. Par exemple à partir d’une mite railleuse. »
Que vous inspire l’évolution de la langue française ?
« Je ne veux pas être un puriste d’arrière-garde, mais le niveau ne s’améliore pas. Et pas qu’en orthographe. La perte de vocabulaire, de syntaxe et la confusion des mots sont encore plus graves. C’est la communication qui se perd, la culture. »
Pensez-vous qu’une langue soit générationnelle ?
« Cela ne devrait pas. Selon des calculs réalisés par des syndicats d’enseignants, entre 1976 et maintenant, entre la première année de primaire et la 4e, ce sont entre 650 et 800 heures de français en moins. Plusieurs enseignants du secondaire m’ont également dit qu’ils ont le plus grand mal, dans les classes de la 5eà la 2nde, à faire lire plus d’un livre classique au cours de l’année. Les ados d’aujourd’hui sont plus tiraillés par les nouvelles technologies... »
Que pensez-vous des idées d’évolution imposée de la langue comme l’écriture inclusive ou la simplification de l’orthographe ?
« L’écriture inclusive, je suis contre, évidemment, les arguments pour la défendre ne valent par tripette. Ils sont spécieux et fallacieux. Concernant la simplification, je suis partagé. Même économiquement, est-ce que cela vaut la peine de tout chambouler ? Ecrire porte-avion sans « s », non, tout comme arc-en-ciel « arquenciel » ou rhinocéros sans « h », on perd l’étymologie, je suis contre évidemment. En revanche, que combatif et combativité prennent deux « t » comme combattre et combattant, ou qu’encablure ne soit plus le seul mot de la famille de câble à ne pas porter d’accent circonflexe... »
Avez-vous un mot préféré ?
« Il n’a pas de rapport avec la grammaire ou l’orthographe : liberté. Pour la sonorité, j’aime le mot carabistouille, d’autant que raconter des carabistouilles, cela a quelque chose d’enfantin. Je ressens les carabistouilles comme de petits mensonges maladroits, qu’on ne croira jamais. »
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