Les policiers filment leurs interventions

Sur le terrain, les policiers de Poitiers et Châtellerault sont désormais équipés de caméras. Une façon de réduire les tensions lors des interventions et de ramener des preuves indiscutables en cas d’infractions.

Romain Mudrak

Le7.info

Depuis un mois, les brigadiers de la police nationale qui patrouillent à Poitiers et Châtellerault portent une caméra au niveau du torse. Le petit boîtier mesure dix centimètres de long sur cinq de large, fonctionne sur batterie et dispose d’une coque robuste pour résister aux chocs. Les agents s’identifient avec un code personnel et déclenchent eux-mêmes l’enregistrement. Mais à chaque fois, les trente secondes précédant et suivant la manœuvre se trouvent également captées. Une façon de saisir le contexte.

Et le contexte, c’est bien le sujet de préoccupation des forces de l’ordre. « Aujourd’hui, dès qu’un contrôle d’identité tourne mal, on a une dizaine de téléphones portables qui surgissent autour de nous », témoigne le brigadier Jérémie Bonnet. Et ces vidéos, souvent tronquées et truquées, font le « buzz » sur les réseaux sociaux. Ici, le but n’est pas de publier les images sur Facebook, mais plutôt de filmer la scène en toute transparence, sous l’angle du policier. « L’objectif de ce dispositif est double, c’est à la fois de calmer les tensions et de constituer des éléments de preuve en cas d’infraction », explique Jean-Christophe Merle, commandant divisionnaire à la Direction départementale de la sécurité publique.

Réalisé sans truquage
Son utilisation est cadrée par la loi. De retour au commissariat, les policiers reposent les caméras sur leur base. L’appareil se recharge et télécharge automatiquement toutes les séquences, sans intervention humaine possible. Seule une poignée d’administrateurs est autorisée à les visionner et à les transmettre à la justice en cas de réquisition du parquet. Impossible d’effacer quoi que ce soit.

Parfois, les situations se dégradent très rapidement. La caméra permet alors de saisir le climat général qui règne au moment de l’intervention. « Quand on dit aux gens qu’ils sont filmés, le ton redescend très vite, confirme le brigadier Mathieu Lebeau. On voit certains s’écarter pour ne pas être sur l’image. » Trente caméras de ce genre équipent désormais les patrouilles de la police nationale dans la Vienne (2 000 sur l’ensemble de la France). A Poitiers, les îlotiers de la « municipale » ont également été dotés de ces appareils pendant une expérimentation menée par l’Etat qui a pris fin récemment. Pour l’instant, aucune décision n’a été prise sur un éventuel déploiement à large échelle.

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