Des gars dans le grand bain

C’est l’histoire d’un sport de filles pratiqué par des gars... Le Cep, unique club de natation artistique (synchronisée) de Poitiers, compte cent cinq adhérents dont quatre hommes, qui ont rejoint l’aventure pour la première fois cette année.

Romain Mudrak

Le7.info

Ce jeudi de février, une dizaine d’étudiants de la fac de sport de Poitiers se sont donné rendez-vous à la piscine de la Ganterie. Au menu de leur soirée, un défi original : participer à un entraînement de... natation synchronisée rebaptisée artistique. Assez dubitatifs sur ce « sport de filles », plusieurs gars ont vite déchanté une fois au bord du bassin. Tous sont pourtant de bons nageurs. Et pour cause, ils suivent une licence professionnelle dédiée à l’organisation et à l’animation d’activités aquatiques... L’expérience s’est avérée douloureuse, « surtout au niveau des cuisses ». Arnaud Bretin jubile ! C’est lui qui a lancé le pari avec ses camarades de promotion. Une façon de leur montrer toute l’exigence physique de cette discipline.

Arnaud a intégré le Cep en octobre dernier pour y effectuer son stage d’étude. Sa mission ? Organiser deux compétitions interrégionales en avril, ainsi que le gala de fin d’année en juin. Mais très vite, ce cycliste aguerri originaire de Royan s’est pris au jeu. Au même moment, Le Grand Bain de Gilles Lellouche a inondé les salles de cinéma de la région. Au sein du club poitevin, l’histoire de ce groupe de mecs qui monte une équipe pour participer aux Mondiaux de nage artistique a forcément résonné dans les têtes. L’aventure a démarré ainsi. D’autant que trois autres hommes ont commencé par hasard les entraînements, à l’automne. Comme par miracle, l’unique club de Poitiers compte donc, pour la première fois, cent une filles et... quatre garçons.

Chorégraphies au sec
Certes, on est encore loin de la mixité mais ça progresse. Une chose est sûre, l’expérience montre que les (gros) muscles sont nécessaires pour enchaîner les techniques. « Godille par la tête », « rétropédalage », « torpille »... Les mouvements doivent être précis et esthétiques. Sans oublier l’apnée. « Il faut que le geste de main- tien à la surface devienne aussi naturel que marcher », insiste le président, Eric Zéaro. Qu’elles s’exécutent en solo, en duo ou par équipe de huit, les chorégraphies se conçoivent et se répètent « au sec », sur le bord du bassin. Comme le pilote de la patrouille de France qui imagine ses figures. « A partir de 7 ans, les jeunes passent les épreuves préliminaires : le Sauv’nage et le passeport de l’eau, explique Eric Zaéro. Ensuite, ils doivent maîtriser le socle « découverte », « argent » et « or » pour accéder aux compétitions. » Autant dire que le niveau est vite relevé. La majeure partie de l’effectif du Cep Poitiers pratique ce sport en loisirs. Mais quelques pépites parviennent régulièrement à émerger. Quatre nageuses ont intégré le pôle France de Nantes ces dernières années. Pour les hommes, il faudra attendre encore un peu !

 

Photo Cep natation synchronisée Poitiers

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