Le français comme porte d’entrée

Dans la Vienne, une vingtaine d’associations dispensent des cours de français à des familles d’origine étrangère. Pour éviter les ruptures de formation, un lieu central d’information, « Infolang » va voir le jour à Poitiers.

Romain Mudrak

Le7.info

Plusieurs soirs par semaine, des dizaines de bénévoles de Buddy System Réfugiés donnent des cours de français à des demandeurs d’asile et des réfugiés installés à Poitiers. Ils sont pour la plupart étudiants en lettres et langues, en droit ou encore à Sciences Po et se réunissent avec leurs « élèves » dans le forum de la médiathèque du centre-ville. En moins de deux ans, cette initiative spontanée a mobilisé plus de cent vingt jeunes gens sur une idée simple. Samuel, la vingtaine, en fac de pharmacie, la résume : « J’ai pris conscience que je vivais en France dans un monde privilégié et j’ai voulu aider ces personnes en difficulté. »

Comme Buddy System, une vingtaine d’associations dispensent chaque année des cours de français à un millier de migrants et d’ultra-marins, de Mayotte notamment, qui ont besoin d’une mise à niveau spécifique. Elles prennent le relais des dispositifs institutionnels, comme les cours obligatoires financés par l’Office français de l’immigration et de l’intégration (Ofii). Leur tâche est rude. Toutes ces structures interviennent avec leurs (modestes) moyens, souvent sur la base du bénévolat, chacune de leur côté. Certaines s’adressent à tout le monde, d’autres sont réservées à des profils très pré- cis (demandeurs d’emploi...). Pour les apprenants, c’est le casse-tête.

Un lieu ressource
C’est pourquoi le collectif Alpha, qui réunit la plupart de ces acteurs, s’apprête à ouvrir une permanence baptisée « Infolang », tous les vendredis à partir du 15 mars, de 14h à 18h, dans ce même forum de la médiathèque de Poitiers. « Nous attendons des apprenants, bien sûr, mais aussi des directeurs d’école, des assistantes sociales, des agents du Centre communal d’action sociale... Bref, les premiers en contact direct avec la population qui ne maîtrise pas la langue », explique Amélie Rouquet, salariée du Toit du Monde très investie sur la question. « L’enjeu consiste à réduire les ruptures de parcours liées à une méconnaissance des différents dispositifs », ajoute l’experte. Il faut faire vite, d’autant que les listes d’attente continuent de s’allonger. Si Audacia vient d’ouvrir une cinquantaine de places pour ses résidents (réfugiés, personnes isolées, familles), le compte n’y est toujours pas. Selon les acteurs eux-mêmes, 20% des demandes ne seraient pas satisfaites. Cette plateforme Infolang ne sera pas automatiquement accompagnée de moyens supplémentaires, mais permettra d’identifier précisément les besoins pour débloquer ensuite une enveloppe d’un ou plusieurs financeurs. C’est en tout cas l’espoir du collectif Alpha.

Ecole ouverte
Dans le cadre du dispositif « Ouvrir l’Ecole aux parents pour la réussite des enfants », six collèges de l’académie, dont Ronsard et George-Sand dans la Vienne, proposent un accueil spécifique aux parents d’origine étrangère. Ils sont une centaine à bénéficier de cours de français dispensés par des enseignants volontaires. L’occasion d’expliquer, en même temps, les attentes et le fonctionnement du système scolaire. Dans la même idée, la Ville de Poitiers finance des interprètes mobilisés ponctuellement par les professeurs des écoles à la rentrée ou durant l’année.

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