Perruques mieux remboursées : au-delà des apparences

La ministre de la santé Agnès Buzyn a annoncé pour 2019 une amélioration de la prise en charge des prothèses capillaires, déterminante dans les choix des malades. Dans le monde de la coiffure, la question ne laisse pas indifférent.

Claire Brugier

Le7.info

Mars, avril... ? La date de mise en œuvre est approximative mais l’annonce bien réelle. En juin dernier, la ministre de la Santé Agnès Buzyn a déclaré, dans la continuité du Plan Cancer 2014-2019, que le remboursement des prothèses capillaires prescrites pour une alopécie ayant une cause médicale, notamment une chimiothérapie, allait augmenter. De 125€ à 350€ pour une perruque de classe 1 (en fibres synthétiques), jusqu’à 250€ pour une perruque de classe 2 (avec un minimum de 30% de cheveux naturels).

La mesure, si elle se concrétise, est loin d’être anodine. « Toute personne en chimiothérapie se pose la question de la chute des cheveux », note Marie-Jo, l’infirmière d’accompagnement de la clinique du Fief de Grimoire, qui constate que la plupart des demandes émanent de femmes. « On reçoit quelques hommes, mais souvent ils ont déjà moins de cheveux. » Les chiffres nationaux le confirment : en France, en 2016, l’alopécie partielle ou totale due à un traitement médical a concerné 52 000 personnes, dont 96% de femmes.

Collecte de cheveux

Central, l’aspect sanitaire ne saurait toutefois occulter l’impact économique de la maladie et tout particulièrement la question récurrente de la prise en charge, par la Sécurité sociale et les mutuelles (de 100 à 500% de la Base de remboursement de la Sécurité sociale), de la prothèse capillaire. « Et aussi de la prothèse mammaire dans le cadre d’un cancer du sein ayant nécessité une mastectomie totale », ajoute Jocelyne Giraud, secrétaire médicale d’accompagnement. L’addition peut donc rapidement s’avérer salée...

Victime d’un cancer il y a cinq ans, Stéphanie Penot-Berthomé a été « confrontée au choix de la perruque ». Mais vu le coût, elle a « opté pour un foulard ». La coiffeuse châtelleraudaise du Salon est depuis ambassadrice du réseau Solidhair, qui récolte des cheveux pour la fabrication de prothèses capillaires. « Les cheveux doivent être non colorés, non méchés et mesurer au moins 25cm, sans critères d’âge ni de couleur. J’ai ainsi eu une petite fille de 7-8 ans qui voulait absolument donner ses cheveux « pour les dames malades ». » Coiffeur à Mignaloux-Beauvoir, Jean-Charles Demarconnay a également été sensibilisé à la question à travers son vécu. Il a créé voilà deux ans un institut capillaire, Hairfax, « pour accompagner au mieux les femmes et leur proposer notre expérience professionnelle de coiffeur. Contrairement à un grossiste, nous apportons du conseil pour le choix, la pose, l’entretien de la perruque et, si cela est nécessaire, nous retouchons la coupe, nous désépaississons... » La prothèse capillaire n’est pas un accessoire comme les autres. Associée à une certaine idée de la féminité, elle est aussi le maillon central d’une longue chaîne d’initiatives plurielles.

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