mardi 24 décembre
Véronique Gauduchon, 59 ans. A choisi, pour sa deuxième vie, de devenir librairie. Positive. Amoureuse des livres et plus passionnée encore de nature.
« Ma vie d’avant ? Je l’ai passée dans le milieu des associations de protection de la nature pendant vingt-cinq ans, dont sept à Poitou-Charentes Nature et dix-huit à la Ligue pour la protection des oiseaux de la Vienne. » Points communs avec sa vie actuelle : la nature... et Poitiers. « J’y suis née, j’y ai fait mes études, j’y ai eu mes filles... » Elle y a logiquement ouvert en 2012 -« le 21 mars, jours du printemps »- une librairie indépendante, La Bruyère vagabonde, rue Edouard-Grimaux.
« Au Centre du livre et de la lecture, on m’avait suggéré de m’installer à Bressuire ou Parthenay car il y avait déjà des librairies à Poitiers. »Peine perdue. Sa Bruyère vagabonde, Véronique Gauduchon ne lui imaginait pas meilleur terreau que sa ville, même si elle-même ne se sent pas particulièrement citadine. « J’ai certes grandi à Poitiers mais sur les hauts, avec un petit jardin, avec une grand-mère qui aimait les fleurs... Et surtout, j’ai le sentiment d’avoir été entourée de gens qui respectaient la terre et le vivant. » Le véritable déclic aurait eu lieu alors qu’elle avait 18-20 ans, dans le marais vendéen, avec son grand-père, à l’occasion d’une séance d’observation des oiseaux. « Nous avions rencontré les membres d’une association d’ornithologie, mais nous ne connaissions même pas le terme à l’époque ! » De retour à Poitiers, Véronique Gauduchon et son futur mari sont entrés en contact avec le Groupe ornithologique de la Vienne. « Très vite nous nous sommes beaucoup impliqués, sommes allés compter les oiseaux... »A partir de là, elle n’a eu de cesse de croquer à l’aquarelle les espèces à plumes du département, les plantes aussi.
Graphiste de formation, Véronique Gauduchon a été recrutée à Poitou-Charentes Nature en 1985 lors des premières Portes ouvertes sur la nature. Elle y est restée sept ans avant de devenir directrice de la Ligue pour la protection des oiseaux. « Et des écosystèmes dont ils dépendent », complète-t-elle. Sous sa houlette, la LPO de la Vienne, animée à l’origine par des « objecteurs de conscience » de passage, a employé jusqu’à quatorze salariés. Elle s’est « développée en douceur, de manière réfléchie, autour de trois volets : la sensibilisation, l’étude et la conservation ».
« J’avais toujours rêvé d’un lieu de vie autour du livre »
Véronique Gauduchon en garde le souvenir « de belles personnes » etde beaux projets, comme « la réhabilitation de la zone d’intérêt écologique de Saint-Cyr ». « J’ai baigné dans ce monde pendant tant d’années, je l’ai dans les tripes. Mais j’ai toujours adoré les livres et j’avais toujours rêvé d’un lieu de vie autour du livre, cocooning, où l’on se sente bien. A 50 ans, je me suis dit : si je ne le tente pas maintenant... » Le projet a mûri. Lors d’une escapade au pays des cafés-librairies, la Bretagne, Véronique Gauduchon a trouvé moult exemples dont s’inspirer pour créer son « lieu de conseil, d’accueil, d’échanges ». Elle y a aussi goûté au thé bio qu’elle sert dans l’ambiance cosy de son arrière-boutique l’hiver et, à la belle saison, dans sa petite cour tapissée de vigne vierge où elle organise des rencontres thématiques.
Sur les étagères de La Bruyère vagabonde, rien que des livres qu’elle a choisis. « Je ne vends pas de livres que je n’aime pas »,assure celle qui ne participe également qu’aux « petites fêtes qui ont une âme, comme la Fête de la tomate de Couhé, la fête des plantes de Ligugé, Terre d’accueil à Romagne... ».Jardin naturel, nature, environnement, santé naturelle, éco-habitat, cuisine saine et gourmande, agriculture, balades, voyages, dessins nature... Les thématiques donnent le ton. « Que du bonheur ! »assène la libraire qui a réservé une toute petite partie aux « actions » et « réactions », sans jamais sombrer dans le négativisme. « C’est tarte-à-la-crème, mais je veux donner de la joie aux gens, confie Véronique Gauduchon qui aime plus que tout « se plier en quatre pour trouver les livres que recherchent les clients ». Ces derniers le lui rendent bien. Elle a aussi illustré Le Calendrier pratique des jardiniers, en photos et dessins, et s’est lancée avec son mari, après avoir vécu trente ans au même endroit, dans la construction d’une « maison bioclimatique, en bois et sur pilotis, pour avoir le moins d’impact possible sur la terre ». Véronique Gauduchon a l’esprit fertile et ne reste jamais vraiment inactive même si, lorsqu’elle prend le temps de la réflexion, elle aspirerait désormais à « faire plus doucement ».
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