Poitiers aura son box

Un box vitré sera installé dans le nouveau palais de justice de Poitiers. Dénoncé par les avocats, cet équipement de sécurité a fait l’objet d’intenses négociations pour aboutir finalement à un compromis inédit en France.

Romain Mudrak

Le7.info

Sur les premiers visuels de la future cité judiciaire, impossible de les distinguer... Et pour cause, l’installation de box vitrés dans les salles d’audience des Feuillants a été précédée de longues tractations. Mais c’est désormais officiel, la salle principale, où se tiendront notamment les procès d’assises, sera dotée de cet équipement de sécurité destiné à accueillir certains justiciables.

Ces box ont suscité des levées de boucliers dans toutes les juridictions de France où ils ont vu le jour. A commencer par Paris. En avril 2018, l’inauguration du nouveau palais de justice des Batignolles avait été marquée par la mobilisation d’opposants guidés par le Syndicat des avocats de France (Saf). « Ces cages de verre constituent une restriction aux droits de la défense, souligne Sylvie Martin, représentante du Saf à Poitiers. L’avocat peut difficilement discuter avec son client ou échanger des documents. Par ailleurs, il s’agit d’une atteinte à la présomption d’innocence. » Le symbole est fort. Si bien qu’à Nîmes, une avocate a décidé récemment de plaider au côté du prévenu qu’elle défendait, depuis l’intérieur de l’un de ces box fermés.

Une alternative possible
A Poitiers, un compromis a été trouvé entre les magistrats et les avocats. Sur le nombre d’abord. A l’origine, trois box devaient intégrer la nouvelle cité judiciaire. Sur le format ensuite, comme l’explique David Meleuc, secrétaire général de la cour d’appel de Poitiers : « Le box devait être complètement étanche. L’unique accès s’effectuait par un couloir dédié au prévenu et à son escorte. Il disposera finalement d’une porte de sortie lui permettant de comparaître à la barre. » Le président de l’audience aura le dernier mot sur cette question. Après concertation avec les différentes parties, il estimera si le justiciable démontre un com- portement inadapté, violent ou présente un risque de fuite. « A chaque fois, il faudra trou- ver un équilibre entre les droits de la défense et l’impératif de sécurité », poursuit David Meleuc.

Au barreau de Poitiers, le bâtonnier Hervé Ouvrard se satisfait a priori de cette adaptation de dernière minute, même s’il « attend encore les plans définitifs ». En décembre 2017, la Garde des Sceaux avait sus- pendu le déploiement de ces fameux box vitrés. C’est sans doute cette attitude constructive des deux parties qui a permis d’obtenir une dérogation. Dans la nouvelle cité judiciaire, les audiences démarreront en avril. Une chose est sûre, les membres du Saf resteront « vigilants » sur l’application du dispositif.

Photo archives Syndicat des avocats de France.

À lire aussi ...