Sur les traces de Senghor

De Léopold Sédar Senghor, l’Histoire a retenu l’homme de lettres et d'Etat engagé. Seuls quelques initiés connaissent le tirailleur sénégalais emprisonné à Poitiers, dans le Fronstalag 230. Jusqu’au 8 février, à la maison de quartier de Saint-Eloi, une exposition rend hommage à cette figure du XXe siècle.

Claire Brugier

Le7.info

Sans l’intervention d’un universitaire allemand, ce pan de la vie de Leopold Sédar Senghor aurait pu rester englouti dans l’histoire de la Seconde Guerre mondiale. Mais Raffael Sheck a découvert de manière impromptue, en 2010, un manuscrit dans lequel l’écrivain évoquait sa détention au Frontstalag 230, à Poitiers.

Arrêté à La Charité-sur-Loire le 20 juin 1940 par l’occupant allemand, le tirailleur sénégalais Léopold Sédar Senghor, alors professeur de lettres à Saint-Maur-les-Fossés  et futur Académicien, est arrivé en octobre 1940  dans le camp de La Chauvinerie  après être passé par les camps de Troyes, Romilly et Amiens. A la fermeture du Frontstalag pictave en novembre 1941, il a été transféré à Saint-Médard-en-Jalles, avant d’être réformé en février 1942. Cet épisode de sa vie et bien d’autres sont exposés jusqu’au 8 février à la maison de quartier de Saint-Eloi, à Poitiers, à l’instigation du Toit du Monde et de SOS Racisme. 

« L’écho contemporain de Senghor »

L’exposition « Senghor, l’Africain universel » dresse le portrait du grand homme et revient, au fil des quinze panneaux réalisés par l’association bordelaise Mémoires et Partages, sur son amitié avec Aimé Césaire, son combat pour la négritude, son rôle politique de père de la nation sénégalaise, sa famille, son lien avec Georges Pompidou... 

Président de l’association Mémoires et Partages, Karfa Sira Diallo a commis « plusieurs recueils de poésie inspirés par Senghor », sans savoir alors que, sous l’uniforme des tirailleurs sénégalais, « son passage a concerné notre grande Région ». Dans Hosties Noires,« Senghor évoque les tirailleurs avec une poésie belle et un grande vigueur dans la dénonciation du manque de reconnaissance dont la France a fait preuve à leur égard ». De même, l’exposition va au-delà de la simple biographie. Elle est née de « la conscience de l’œuvre de Senghor dans la construction de la citoyenneté, qu’elle soit africaine, française, mais aussi dans la construction de la francophonie » ; elle met l’accent sur « l’écho contemporain de Senghor ». Une thématique qui sera développée le 6 février, lors de l’inauguration. Des étudiants sénégalais liront des poèmes de Senghor et une conférence suivra, en présence du poète Gabriel Okoundji, d’Ibrahima Dia, professeur de droit, et de Karfa Sira Diallo. 

Exposition jusqu’au 8 février, à la maison de quartier de Saint-Eloi, à Poitiers. Accès libre.

 

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