mardi 24 décembre
Emily Bécaud, 46 ans. Fille de Gilbert Bécaud et fière de l’être. Avec tendresse et simplicité. Régisseuse pendant onze ans des spectacles de son père. Comme lui, aime « la vie de campagne », à Saint-Pierre-de-Maillé.
« J’allais à la Makina(*)en tracteur ! » Le détail est cocasse. Emily Bécaud en sourit. Peut-être parce qu'il illustre parfaitement cette « vie de campagne »qu'elle aime tant, simple et naturelle. A son image. « Je ne suis pas une citadine, je suis un rat des champs, ou plutôt un mulot. »La fille de Gilbert et Kitty Bécaud, cinquième d’une fratrie de six à majorité féminine, est certes née aux Etats-Unis, mais c'est à Saint-Pierre-de-Maillé qu'elle a grandi et qu'elle vit aujourd'hui. En toute discrétion. "Qu'est-ce qu'on fait à la campagne ? Pas grand-chose... Beaucoup de sport ! Nous étions dehors toute la journée, à faire de l'équitation, à construire des cabanes... »A 46 ans, la fille du Monsieur 100 000 volts de la chanson française est convaincue d'avoir vécu une enfance tout-ce-qu'il-y-a de plus ordinaire. Il faut l'intervention de Laurent Balandras, éditeur musical et ami, pour réveiller d'autres souvenirs, moins communs, qu'elle commente avec une égale spontanéité. « Tu as quand même eu Sheila pour l'anniversaire de tes 5 ans ! Et il y a aussi des photos où tu fais de l'hélicoptère, du bateau, de la plongée sous-marine... »,égrène-t-il.« Ah non, la plongée c'était maman. J'en ai juste fait une fois, mais j'ai nagé au fond. Papa m'a appelée « la torpille » ! »Nouveau sourire lumineux, comme à chaque fois qu'elle évoque son père. « Il a été l'un des premiers à penser bio dans le coin »,lance-t-elle, sans transition. La ferme de Gilbert Bécaud n'était pas très orthodoxe... Des animaux sauvages s'étaient glissés dans le casting. Il y avait Simone, une laie qui a fait l'Olympia, Serge et Selena les deux lamas, Diba la louve (en référence à Farah, dernière épouse du shah d’Iran)...
« J'ai toujours été fière d'être la fille de. Papa tournait beaucoup mais il nous appelait tous les soirs. J'ai eu une enfance heureuse. » Avec un petit bémol toutefois. « A l'école, c'était plus compliqué. Je crois que j'ai fait tous les établissements du coin, sauf peut-être Saint-Savin. A l'époque on ne parlait pas de harcèlement scolaire mais... J'étais comme une mouche dans un verre de lait. » Pendant un court instant, le regard vert d'Emily s'assombrit, son visage se ferme. Elle reprend : « En classe, je ne disais rien, j'étais au fond, près du radiateur. J'étais une teenager comme les autres. »
Régisseuse pendant onze ans
Heureusement, il y avait les vacances. « J'adorais traîner avec papa, que ce soit sur une scène ou sur un tracteur. Quand il était là, il était 100% présent. Il était drôle, il faisait plus de bêtises que nous. Et puis il n'était pas rare qu'il ramène tous ses copains à la maison ; on devait dîner entre nous et on se retrouvait vingt à table ! »Emily en a retrouvé quelques-uns lorsqu'elle a commencé à travailler aux côtés de son père. Elle avait rêvé d'être « James Bond girl, Mac Gyver ou Indiana Jones »,explique-t-elle le plus sérieusement du monde. « Mais la réalité est arrivée très vite. »Avec son lot de désillusion et d'incertitudes. "En attendant que je me décide, papa m'a dit : « Viens avec moi ! » Au début, je nettoyais le piano, j'apportais les bouteilles d'eau... J'ai fait mon nid sans m'en rendre compte et très vite je suis devenue régisseuse. »
Cette aventure unique, dans l'ambiance chargée d'adrénaline des arrière-scènes, a duré onze ans, entre 1990 et 2001. « Tu es à la fois excitée et zen, tu as chaud et tu as froid... » Emily Bécaud a suivi son père sur ses tournées dans le monde entier. Après la disparition du chanteur, en 2001, il a fallu soigner cette absence. La fille de Gilbert Bécaud est allée « prendre l'air aux Etats-Unis », là où ses parents s'étaient croisés près de trente ans plus tôt. Elle ne s'est jamais lassée de l'histoire de leur rencontre, celle d'une jeune mannequin américaine qui tombe sous le charme d'un chanteur français, sans savoir qu'il est l'interprète d'une chanson qu'elle a apprise petite, à l’école. The day that the rains came down. Emily l'a interprétée le 15 décembre dernier au casino de Deauville lors d'un concert hommage au parolier Pierre Delanoë, aux côtés de Julien Dassin. Puis trois jours plus tard à la Sacem. « C'est la chanson de maman. Elle est rigolote et joliment dite. »
Aujourd'hui, sa fille Rhonda, tout juste 5 ans, la chante à son tour. Comme Will, son jumeau, elle sait juste que son grand-père « passe à la télé, c'est chouette et on danse », raconte Emily. Son aîné Max, 17 ans, commence lui à prendre la mesure de la célébrité internationale de son aïeul. Même si, à Saint-Pierre-de-Maillé, Gilbert Bécaud était avant tout un Maillois qui, comme Emily aujourd’hui, s’est assis sur les banquettes du café du Cheval blanc, « chez Annette » à l’époque. Déco sans âge et chaleureux mélange des genres. Derrière le bar, Gorille (Eric de son état civil), sait se faire discret. Lui aussi se souvient avoir croisé Gilbert Bécaud. Sans sa cravate à pois.
(*) Discothèque à Nalliers.
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