« Glass », miroir déformant

Ou quand les héros de « Incassable » (2000) et de « Split » (2016) se rencontrent. Inattendu, cet épilogue achève la quête identitaire des super-héros de M. Night Shyamalan. Et peut dérouter à bien des égards.

Steve Henot

Le7.info

Plusieurs semaines se sont écoulées depuis les crimes de « La Bête ». La 24e personnalité du schizophrène Kevin Crumb, dotée d’une force et d’une résistance hors du commun, menace de faire de nouvelles victimes. David Dunn alias « Le Superviseur » entend bien l’arrêter. Unique rescapé d’un terrible accident de train survenu il y a près de vingt ans, l’homme « incassable » s’improvise depuis justicier. Inévitable, leur affrontement suscite l’intérêt d’Elijah Price, « l’homme aux os de verre » et à l’intellect supérieur, et de ceux qui l’ont interné dans un établissement psychiatrique, durant toutes ces années...

Projet spontané -Incassable et Split n’ayant pas été imaginés, au départ, comme faisant partie du même univers- Glass fait figure d’OVNI cinématographique. A la croisée des genres, cet épilogue en appelle autant au romantisme et au fantastique (La Belle et la Bête) qu’à certains films de super-héros (les X-Men et Chronicle, en particulier). M. Night Shyalaman joue d’ailleurs beaucoup avec les codes des comics, qu’il interroge autant qu’il les reprend à son propre compte, pour mieux disserter sur la nature véritable de ses personnages principaux : justiciers, monstres ou simples humains ? Par son talent de metteur en scène, le réalisateur indo-américain entretient ce suspense avec beaucoup de maîtrise, jusqu’au final à rebondissements. Bien entendu, mieux vaut avoir vu Split (et Incassable, dans une moindre mesure) pour apprécier. Pour autant, Glass peut dérouter. Parfois verbeux, il n’a ni la démesure d’une adaptation Marvel ni ce frisson, propre à la filmographie de Shyamalan. Le spectacle est ailleurs, à dénicher dans le regard sincère et bienveillant, voire tendre, que le réalisateur porte sur son sujet.

Fantastique de M. Night Shyamalan, avec James McAvoy, Bruce Willis, Samuel L. Jackson. (2h10)

 

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