Mendès-France, l'Espace qui décloisonne

Lieu incontournable de la culture scientifique à Poitiers et en Nouvelle-Aquitaine, l’Espace Mendès-France fêtera ses 30 ans dans quelques jours. Son directeur Didier Moreau rembobine le fil de l’histoire.

Arnault Varanne

Le7.info

S’il a officiellement ouvert ses portes le 22 octobre 1988, l’Espace Mendès-France a été inauguré le 30 janvier 1989. Aux premières loges, un certain Hubert Curien, cristallographe de son état, également ministre de la Recherche et de la Technologie. Voici ce qu’il disait en substance à l’époque : « La culture scientifique est importante pour les années à venir parce qu’il y a besoin d’éducation aux sciences. Elle est une facette essentielle de notre vie citoyenne et de notre participation à la démocratie locale. (...) Nous aurons à nous former toute la vie car les sciences et les technologies viendront perturber nos acquis initiaux. »

Trente après, son discours n’a pas pris une ride. Trente après, les citoyens ont encore et toujours besoin de se nourrir de sciences, de comprendre le monde qui les entoure et ses évolutions. Ça tombe bien, à Poitiers, le pionnier des centres de culture scientifique se positionne plus que jamais en médiateur incontournable. En l’espace de trois décennies, « Mendès » a déjà reçu ou touché près de 2,9 millions de personnes et collaboré avec 3 000 chercheurs, spécialistes ou artistes. « Notre force, estime Didier Moreau, c’est d’être en capacité de proposer des ateliers, expositions et conférences pour tous les âges, tous les goûts et tous les niveaux de difficulté. »

Hors les murs

Observatrice de son époque, du changement climatique aux problématiques de santé, en passant par les grandes avancées technologiques, l’association Espace Men- dès-France a su tisser un réseau de partenariats aussi solides que pérennes. Ville, Région, université de Poitiers, CNRS, Inserm, Inra... Tous les grands acteurs de la science au sens large ont répondu présent au carrefour des connaissances. Mais l’Espace Mendès-France ne peut se réduire à un lieu de vulgarisation scientifique, de décryptage et d’innovation. Au fil des années, le pionnier des centres de culture scientifique s’est inventé une vie « hors les murs ». Dans les collèges, les lycées ou les bibliothèques, à Saintes, Niort, Angoulême ou La Rochelle. Bref, partout où le savoir se conjugue au pluriel. « Nous sommes presque à 50% de public touché en dehors de Poitiers, c’est énorme », se félicite Mario Cottron, président de l’association depuis 2009.

L’Ecole de l’ADN -qui essaime à Limoges, Pau et Bordeaux-, le Lieu Multiple, Curieux, la Plateforme créativité et territoire... L’Espace Mendès-France décline ses activités sous une multitude de marques dont le dénominateur commun pourrait être la médiation. « Depuis longtemps, on assimile les avancées technologiques au progrès, reconnaît Didier Moreau. Mais on ne peut pas dissocier les techno-sciences des humanités. Ce n’est pas Einstein contre Diderot, mais Einstein avec Diderot. La question du partage est devant nous. Il nous faut retisser du lien. » La feuille de route de l’Espace Mendès-France pour les trois prochaines décennies semble tracée.

Les chiffres clés
160 000 visiteurs en 2018
1 900 classes par an
Plus de 700 heures d’animation dans la même période
3,2M€ de budget par an, dont 2M€ accordés par la Ville, 600 000€ par la Région et 600 000€ en autofinancement.

 

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