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Du glyphosate dans les urines ?
Catégories : Société, Social, Solidarité Date : mardi 08 janvier 2019S’inspirant d’une initiative ariégeoise, deux Poitevines ont créé le Collectif glyphosate. Objectif : organiser des tests de dépistage dans la Vienne en vue d’un dépôt de plaintes collectif.
Il n’est pas le seul présumé coupable mais il est parmi les plus connus des herbicides, pesticides, fongicides et autres substances en -ides au cœur des problématiques environnementales et sanitaires actuelles. En septembre, l’Assemblée nationale a refusé de l’interdire par la loi. Le glyphosate est donc toujours dans la nature. La campagne lancée au printemps par les Faucheurs de l’Ariège a révélé chez soixante habitants un taux moyen d’1,43 nanogramme/millilitre d’urine, soit plus de quatorze fois la concentration autorisée dans l’eau potable. Des plaintes ont été déposées.
Dans la Vienne, Héloïse et Claire, deux habitantes de Gençay, ont créé en octobre le Collectif glyphosate, amené à devenir une association cette semaine. « L’objectif est de procéder, sur la base du volontariat, à des analyses d’urine afin de pouvoir porter plainte contre les fabricants et institutions qui labellisent ces produits,explique Héloïse. Pour ce faire, nous avons reçu une malette avec tout le protocole à respecter. » Pour une uniformité de la méthode, laquelle implique notamment « un lieu neutre », le « contrôle d’un huissier de justice »... Et 85€ de frais.« Cela peut faire un super cadeau de Noël ! », suggère avec malice Héloïse. La première collecte pourrait avoir lieu au printemps. « L’analyse concerne le glyphosate parce que c’est un marqueur facile, mais notre action porte sur tous les pesticides. Il ne s’agit pas non plus de viser les agriculteurs, victimes tout autant que nous d’un système. »
« Des effets avérés sur l’environnement »
Pharmacien biologiste spécialisé en toxicologie au centre hospitalier universitaire de Limoges, Souleiman El Balkhi confirme que« le glyphosate a des effets avérés sur l’environnement, notamment les micro-organismes aquatiques ». Concernant l’impact sur la santé humaine, il est plus mesuré.« Au regard de la littérature scientifique, les avis sont très divergents. Un article d’un chercheur du Havre a révélé un fort pourcentage de cancers chez des rats exposés. Mais la méthode a été critiquée car les rats appartenaient à une lignée sujette à développer des cancers et les doses et la durée de l’expérimentation étaient trop grandes. Parallèlement, une étude de 2004, réalisée aux Etats-Unis sur une population de 60 000 agriculteurs utilisant l’herbicide, n’a pas démontré une incidence de cancers plus élevée que dans la population générale. »Selon le scientifique, « les insecticides sont plus inquiétants, avec des molécules destinées à tuer des organismes vivants ». Lui voit d’un bon œil l’initiative du Collectif glyphosate car « nous n’avons à l’heure actuelle pas de données exploitables sur sa concentration chez l’homme ».
La démarche est évidemment saluée par le mouvement « Nous voulons des coquelicots ». « L’objectif final de lutte contre les pesticides est le même mais les méthodes sont différentes », note Nicolas Merlet qui a créé la page Facebook Vienne de ce mouvement apolitique qui invite les personnes qui « veulent des coquelicots » à se rassembler tous les premiers vendredis du mois, à 18h30, devant leur mairie. A Poitiers, Châtellerault, Dissay...
Contact : campagneglypho86@gmail.com ou sur Facebook.
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