Cord’âges comme à la maison

Abolir les étiquettes sociales, médicales et autres, tel est le pari de Véronique David et Marie Fau, les co-fondatrices de Cord’âges, une association pas comme les autres où, loin des beaux discours, les adhérents goûtent avec simplicité au vivre-ensemble.

Claire Brugier

Le7.info

Ils s’appellent Andrée, Mado, Gérard, Marc, Pascal, Marie, Louison, Jean, Jacques... Ils ont entre 25 et 91 ans. Ils sont seuls ou malades, seuls et malades parfois, victimes d’Alzheimer, de phobie sociale, de l’âge, de l’isolement, de l’ennui... Il s’appellent par leurs prénoms, se promènent en chaussons, se tutoient et se retrouvent cinq après-midi par semaine, ou plus ponctuellement, aux Ateliers Cord’âges. « La maison », comme ils s’appellent. « Ce n’est ni un groupement d’entraide mutuelle, ni un Service d’accompagnement à la vie sociale, ni un centre socioculturel, mais c’est un peu tout ça »,explique Véronique David, co-fondatrice avec Marie Fau de cette association pas comme les autres, qui ne rentre dans aucune case. « Nous avons tout décloisonné, nous avons cassé les murs. Nous sommes là pour vivre au rythme de chacun », rappelle de sa voix douce et posée la directrice, en balayant le cercle des présents. Au programme de ce jeudi après-midi, de la gym douce, dans le local gracieusement mis à disposition par le Fonds de dotation Jacques-André. 

« Ose-t-on vraiment l‘intergénérationnel ? »

Relaxation, loisirs créatifs, vie de la maison (courses, ménage, etc.), musique, chant et danse, informatique, cuisine ou même golf, sorties au théâtre, les activités les plus diverses se succèdent, toutes prétextes à « créer du lien ».«  On parle beaucoup d’intergénérationnel mais ose-t-on vraiment l’intergénérationnel ? », interroge Véronique David avec la même conviction qu’elle met à démarcher de potentiels partenaires.Car pour qui ne rentre pas dans une case, « la situation financière est compliquée. Nous recherchons toujours des financeurs, qu’ils soient publics ou privés ».

Longtemps incertain, l’horizon pourrait toutefois s’éclaircir pour l’association qui fêtera en mars 2019 sa première année d’existence. 1 an, le bel âge pour prétendre à certaines subventions et appels à projets. Et puis « nous avons fait nos preuves, cela interpelle ». Intriguées, des associations, collectivités, voire l’Etat -de la plume-même de Brigitte Macron- se penchent désormais sur le berceau de cette structure inédite en France. 

Reconnue d’utilité publique, elle accueille soixante-dix-sept adhérents et emploie trois salariés, ainsi qu’une personne en service civique, bientôt même deux. Elle bénéficie du soutien d’une petite trentaine de bénévoles, dont deux médecins, d’Itinéraire Santé et prochainement de l’antenne poitevine du Comité d’entente et de coordination des associations de Parkinsoniens (Cecap). Mais surtout Cord’âges est un remède à l’isolement, sous toutes ses formes.« Quand on est ici, on se laisse porter. On a des sourires, on n’est pas là pour apporter notre ordonnance,  résumeune dame d’un certain âge. La veille on y pense, le jour-même on le vit  et le lendemain on se dit que l’on a fait quelque chose. »

Les Ateliers Cord’âges, 15, allée de la Providence, à Poitiers. Tél. 06 66 04 98 03. Adhésion 15€ ; séance : 2€, 5€ ou 10€ (en fonction du quotient familial).

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