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Bus : l'illusion de la gratuité
Catégories : Société, Social, Solidarité Date : mardi 11 décembre 2018Le mouvement de colère des Gilets jaunes fait ressurgir le débat autour de la gratuité des bus dans les villes françaises. Depuis septembre, Dunkerque est la plus grande agglo d’Europe à la proposer. A Poitiers, l’exécutif municipal s’y oppose toujours avec des arguments budgétaires.
Aubagne, Châteauroux, Niort... Plus d’une trentaine de villes françaises proposeraient aujourd’hui un accès total et gratuit à leur réseau de bus. A la rentrée 2018, l’agglomération de Dunkerque (200 000 habitants) est à son tour entrée dans la danse, devenant la plus grande collectivité d’Europe à faire le choix de la gratuité. Saint-Brieuc et Calais réfléchissent aujourd’hui à lui emboîter le pas. Gilets jaunes et Municipales 2020 oblige, le sujet revient aussi sur la table à Poitiers. Lors du dernier conseil communautaire, le groupe Osons Poitiers a solennellement demandé qu’une « étude de faisabilité et une consultation de la population » soient diligentées. Refus net d’Alain Claeys.
Vice-présidente aux Transports de la Communauté urbaine, Anne Gérard s’explique : « Lorsque Dunkerque a annoncé sa décision, cela nous a forcément interpellés, mais les situations ne sont pas transposables, détaille l’élue. A Dunkerque, l’agglo a le double de notre budget et la part de la billettique dans les recettes représentait moins de 10% Ici, c’est 5,5M€ sur un budget global de 25M€. La gratuité ne nous ferait économiser que 350 000€. Trouver le reste de la somme reviendrait à augmenter les impôts sur les contribuables et les entreprises. Tout l’inverse de ce que veulent les Gilets jaunes ! » Poitiers maintient donc le cap et préfère mettre en avant sa politique de « tarification solidaire », qui permet à « chacun de payer à la hauteur de ses moyens ».
« Des moyens pour développer un réseau »
La vice-présidente du Groupement des autorités responsables de transport (Gart) estime par ailleurs que le coût n’est « pas le frein principal » au report modal, de la voiture vers le bus par exemple. Pour elle, l’exigence principale des clients porte sur la qualité de service. « En six mois, Vitalis a délivré 42 000 Vpass, les gens ont bien compris que le mécanisme était beaucoup plus simple. » Le nouveau site Internet et l’appli vont dans le sens d’un accompagnement plus facile, tout comme l’amélioration des fréquences. « Mais pour développer un réseau, il faut des moyens. Dans d’autres villes, le réseau est figé et n’évoluera pas », insiste Anne Gérard. La problématique est d’autant plus prégnante que la nouvelle Communauté urbaine à 40 communes suscite des convoitises. Chauvigny pousse pour ouvrir une ligne, alors que Jaunay-Marigny et Saint-Georges-lès-Baillargeaux bénéficient de la ligne 30 depuis septembre. Quatre-vingt-dix personnes l’emprunteraient quotidiennement.
D’une certaine manière, Jean Sivardière clôt (temporairement) le débat. Selon le vice-président de la Fédération nationale des associations d’usagers des transports, « seule l’amélioration de l’offre (vitesse, fréquence, confort, ndlr) des bus et les mesures de restriction du trafic individuel peuvent inciter les automobilistes à changer de comportement ».
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