Tourisme : chacun cherche sa place

Compétence partagée entre la Région, le Département et les intercommunalités, le tourisme n’obéit pas toujours à une logique de consensus et d’économie de moyens. Dernier exemple en date avec la fameuse « vitrine commune » entre Grand Poitiers et le Conseil départemental, repoussée aux calendes grecques.

Arnault Varanne

Le7.info

« Le renforcement de la coopération et de la complémentarité entre les différents acteurs du tourisme est essentiel dans un contexte fortement concurrentiel. » Dans son plan de développement touristique 2018-2021, le Conseil départemental de la Vienne affiche la couleur. Hors de question de laisser les chicayas politiques entraver le double objectif d’un « meilleur retour sur l’investissement » et d’« économies d’échelle » à l’heure où l’argent public se raréfie. Comment expliquer alors que le Département et Grand Poitiers n’arrivent toujours pas à s’entendre pour ouvrir une vitrine unique capable d’accueillir les touristes, place Charles-de-Gaulle à Poitiers ? « Deux lieux aussi proches, c’est une hérésie », reconnaît Isabelle Barreau, la nouvelle présidente de l’Agence pour la créativité et l’attractivité du Poitou (Acap). Ce qui n’a pas empêché ladite Agence de renouveler son bail pour trois ans supplémentaires il y a quelques semaines…

A Grand Poitiers, on ne comprend pas bien la démarche, sachant qu’« une recherche de locaux avait été effectuée », dixit Mathias Aggoun, directeur des offices de tourisme de Poitiers. « Le bail du local pressenti était 30% plus cher que celui que nous avons actuellement », rétorque la vice-présidente Tourisme du Département. Qui propose en retour qu’« une cinquantaine de mètres carrés » soient aménagés au rez-de-chaussée de l’actuel Maison du tourisme et du terroir, place Charles-de-Gaulle, pour accueillir les visiteurs. « Ce serait la solution la plus rapide et la plus pertinente. J’aimerais que ça se fasse dès 2019… Mais je reconnais que c’est compliqué. »

« Imaginer de nouveaux services »

Clairement, le Département se voit en « chef de file » de la promotion touristique. Son projet de système d’information touristique, qui vise à créer une base de données unique (lieux d’hébergement, sites touristiques…), va dans ce sens. Tout comme sa volonté de plancher sur une « place de marché » (market place, ndlr) pour proposer des offres groupées. Une sorte de concurrencent de Booking ou Tripadvisor mais à l’échelle locale. Via tourisme-vienne.com, l’Acap génère déjà aujourd’hui un chiffre d’affaires de 1M€. Grand Poitiers fait entendre une petite musique assez différente. « Proposer de la réservation d’hôtels, cela n’a plus aucun sens, tranche Mathias Aggoun. Il faut imaginer de nouveaux services de niche sur lesquels nous sommes les plus performants. »

Au-delà de l’opérationnel, une autre question se pose : quelle « marque » afficher à l’extérieur ? Poitiers-Futuroscope, comme le voudrait la Région ? La Vienne au pays du Futuroscope ? Le Poitou ? Le Futuroscope ? Là-dessus aussi, le consensus ne semble pas évident. Ce qui ne souffre aucune contestation, c’est la prospection commune à l’étranger et la place du Futuroscope comme locomotive. Le parc attire à lui seul deux des cinq millions de visiteurs que la Vienne accueille tous les ans.

 

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