Michel Jonasz, le plaisir de la scène

Michel Jonasz est en concert avec son quartet ce dimanche 2 décembre, à 18h, au Palais des congrès du Futuroscope. Rencontre avec un artiste qui croit en la musique et en l’Homme.

Claire Brugier

Le7.info

Vous êtes en tournée avec votre quartet. Pourquoi cette formation ?

« Pour une raison qui est valable pour tous mes spectacles : je n’ai jamais eu l’idée qu’il y a moi devant et les musiciens derrière, qui m’accompagnent modestement sur scène. La musique n’est pas juste de la technique, il faut qu’il y ait une alchimie particulière, un lien invisible, le plaisir de jouer ensemble. Je n’avais pas retrouvé Manu Katché depuis 1985 et l’album Unis vers l’uni. Mais j’avais gardé le lien avec Jean-Yves Angelo. Nous avons eu envie de retrouver Manu trente ans après. »

Votre carrière court depuis bien plus de trente ans. Comment entretient-on l’envie de monter sur scène ?

« A chaque fois que je monte sur scène, j’ai 18 ans, comme la première au Golf Drouot. Mais peut-être que je me suis programmé, il y a très longtemps. J’ai goûté au plaisir de la scène et je me suis dit que je ne voulais pas le perdre. Ce qui rend possible cette longue histoire d’amour et de fidélité avec le public, c’est de monter sur scène, d’avoir tous ces visages devant moi. »

Vous êtes également de plus en plus présent au cinéma, à la télévision, au théâtre...

« C’est un équilibre et ça évite la routine.  Que l’on joue ou que l’on chante, on est toujours le canal. Avant la musique, mon premier truc, c’était les cours dramatiques dans le XVearrondissement, porte Brancion. Evidemment quand je chante, l’histoire est plus proche de ce que je suis car j’écris mes textes. Mais au cinéma on incarne les personnages ; cela me renvoie à chaque fois à quelqu’un que j’aurais pu être. 

Depuis le 21 juin 2018, vous êtes commandeur dans l’ordre des Arts et des Lettres. Qu’est-ce que cela représente pour vous ?

« Rien ne remplace la reconnaissance du public, mais j’ai été très touché. Et puis je trouve ça drôle car j’étais un mauvais élève, j’ai quitté l’école en seconde... C’est comme une reconnaissance nationale. Je me suis dit que, petit grain de sable, j’avais contribué à la culture. »

Quel regard portez-vous sur la chanson française aujourd’hui ?

« Quand vous avez vécu comme moi, dans les années 60, la rencontre entre la grande tradition française -Brel, Piaf, Montand, Brassens, Ferré- et le rock’n’roll, plus rien ne peut vous étonner. A part le rap peut-être. Et encore, il y avait déjà eu « j’ai la rate qui se dilate, j’ai le foie, qu’est pas droit... »de Gaston Ouvrard. J’écoute beaucoup la radio. J’adore des artistes comme Matthieu Chedid, Camille... des gens qui ont un univers. Je veux être touché. Il faut que l’on garde cette tradition française dans la sincérité de l’intention. »

Enfin, que vous inspire l’actualité, notamment la montée des extrémismes ?

« Je suis fils d’immigrés, c’est donc une cause qui me touche. Mais je n’aime pas le pessimisme ambiant. La montée des extrémismes, c’est de l’ordre de la bêtise et du manque de conscience, voire du suicide. L’humanité ne peut pas survivre sans respect et fraternité. Je pense que l’Homme est fondamentalement bon. Tout se joue à l’éducation. Dans les années 50, le premier truc que l’on faisait en arrivant à l’école, -on avait tous une blouse grise que l’on soit juif, arabe...-, c’était la leçon de morale. En ce sens, je pense être un chanteur engagé, engagé pour propager l’amour. Ce n’est qu’ainsi que peut s’opérer le changement de conscience. » 

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