Jacques Grandon honoré par ses pairs

Huitième plus vieil avocat de France toujours en exercice, Jacques Grandon a prêté serment le 22 novembre 1948. Ses pairs lui rendront un hommage appuyé ce vendredi, au château de Dissay.

Arnault Varanne

Le7.info

De son propre aveu, il a « toujours trouvé plus fort » sur sa route. En politique comme au sein de la grande famille des avocats, Jacques Grandon n’a jamais été numéro 1. Dans l’ombre de René Monory au Conseil général -à l’époque-, le nonagénaire occupe le huitième rang des avocats français les plus âgés. Enfin, de tous ceux qui sont encore inscrits dans leur barreau respectif. Le doyen émarge à 79 ans de métier ! « Que voulez-vous, c’est l’histoire de ma vie ! », plaisante-t-il depuis son appartement à la vue imprenable sur le palais de justice de Poitiers. Ce jeudi, ses pairs ont choisi de saluer sa longévité, en marge de l’élection du futur bâtonnier de Poitiers, appelé à prendre ses fonctions le 1er janvier 2020.

Jacques Grandon a en effet prêté serment le 22 novembre 1948, à 21 ans. « J’étais loin d’imaginer que cela durerait si longtemps. J’ai un peu décroché depuis le décès de mon épouse, même si j’ai encore plaidé l’autre jour (en octobre, ndlr) aux Assises. Pour un homme de mon âge, ce n’est pas trop mal ! » A son actif, plus d’un millier de procès d’assises et des plaidoiries mémorables. « J’aime ce métier parce que j’aime les hommes. C’est aussi simple que cela. » Le Sancto-Bénédictin a raconté sa carrière par le menu, dans ses livres Les Grandes affaires criminelles de Poitiers, Avocat, une passion et Journal d’un avocat.

« Son second cœur »

« Le Palais, le monde judiciaire, c’est son second cœur, ça l’a toujours fait vivre, témoigne son fils Jean-Louis, lui aussi avocat au barreau de Poitiers dont le cabinet se situe rue Alphonse-Lepetit. Il partage avec les autres les valeurs qui sont les siennes : convivialité, confraternité, écoute. Il est animé par le vivre-juste. » A 91 ans, l’ancien bâtonnier de l’Ordre de Poitiers reste un confident pour quelques-uns et un modèle pour tous. Avec un sens de l’humilité que loue son fils. « Cette cérémonie, il va la vivre avec joie mais aussi beaucoup de pudeur, il n’aime pas beaucoup être sur le devant de la scène. » Ce sera donc « simple et à son image », vendredi au château de Dissay. Entouré des siens et de quelques magistrats, Jacques Grandon sacrifiera pour une fois à son rituel favori. Le soir, il mange (très peu), se couche (très) tôt pour se lever du bon pied le lendemain. Soixante-dix ans de barreau valent bien une exception. Et dire qu’au départ, le fils de boucher trouvait le droit « pas drôle »

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