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Les profs à l’épreuve de l’usine
Catégories : Société, Social, Solidarité Date : mercredi 05 décembre 2018Les profs seraient-ils déconnectés du monde de l’entreprise ? Pour certains observateurs avertis, des progrès restent à faire. Mais le virage est engagé et les initiatives se multiplient.
Jeudi dernier, une petite dizaine de profs ont répondu à l’invitation de B. Braun dans le cadre de la semaine Ecole-Entreprise. Dans son usine de Chasseneuil, cette filiale (129 salariés) d’un groupe mondial fabrique des filtres pour retenir les caillots dans les veines et des chambres implantables, sorte de mini-diffuseurs de traitements liquides. Une activité méconnue du grand public comme des enseignants présents ce matin-là. Eric, enseignant en techniques industrielles, est venu de Saintes pour « observer les procédés de fabrication », histoire de rester à jour. En plus, comme tout bon professeur principal d’une classe de terminale qu’il est, Eric doit désormais accompagner ses élèves dans leurs choix d’orientation. « C’est important de savoir comment travaillent les entreprises où iront peut- être nos élèves. » Danièle, prof de techno au collège Rabelais de Poitiers, n’a pas hésité à se déplacer. Et tant pis si le rendez-vous empiète un peu sur son temps libre. « J’ai entendu pendant la présentation que l’anglais et l’informatique sont indispensables. Je vais en parler aux élèves qui en doutent parfois. »
Grâce à ce genre de visites d’une demi-journée, des messages passent, notamment sur les compétences nécessaires. Jean-François Lherm aimerait être plus optimiste. Mais le chargé de mission Emploi-Formation de l’Union des industries et des métiers de la métallurgie (UIMM) de la Vienne estime qu’il y a encore « énormément de travail à faire » pour que les enseignants se préoccupent du fonctionnement des entreprises. C’est dit. Le proviseur du lycée professionnel du Dolmen nuance le propos : « Le domaine pédagogique reste le pré carré des enseignants, admet Joël David. Mais pour le reste, ils sont ouverts. » D’ailleurs, deux chefs d’entreprise ont leur mot à dire dans le conseil d’admi- nistration, comme dans tous les établissements professionnels.
Le « taf » dans le Paf
« Nous sommes de plus en plus sollicités », assure Eric Audran. Pour la première fois, le président de l’Inter-association des métiers de l’entreprise (IAME) -qui regroupe 500 membres dans la Vienne- participe cette semaine à la création d’un Comité local Ecole-Entreprise à Poitiers. Dix-huit « chefs » de collèges et lycées des environs vont travailler ensemble pour coordonner leurs actions de découverte de l’entreprise (stages, visites, forums des métiers). Et demandent aux « patrons » de s’investir. Dans la même idée, le Réseau des professionnels du numérique (SPN) a été invité par le Rectorat à intégrer un module du sacrosaint Plan académique de formation (Paf). La journée du 7 décembre sera consacrée à une présentation des métiers du numérique, entre débouchés et compétences nécessaires. De quoi permettre aux ensei- gnants de palper le virtuel. En la matière, Poitiers doit mon- trer l’exemple pour rester la « capitale de l’Education nationale », formule chère au ministre Blanquer.
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