
Aujourd'hui
La nouvelle est venue gâcher leur Nouvel An. Le 30 décembre 2013, la direction du travail de Charente a refusé d’inscrire Saint-Gobain Emballage parmi les entreprises qui ont soumis leurs salariés à un contact régulier avec l’amiante, sans protection suffisante. Selon le rapport d’enquête, contesté par les requérants, seuls 30% des personnels de cette usine de fabrication de bouteilles en verre, ont participé aux opérations de calorifugeage susceptibles de dégager des fibres d’amiante. Et encore, cela ne correspondait qu’à 2,5% de leur temps de travail.
« L’amiante était partout »
Pour l’avocat des requérants, Me Moehring, ce rapport « a clairement été inspiré par Saint-Gobain ». « L’amiante était partout et elle est encore présente aujourd’hui dans les poussières », poursuit Jean-Claude Ouvrard, ouvrier verrier depuis trente-quatre ans, qui était à l’audience ce matin.
Devant Nathalie Massias, juge des référés, l’avocat a relevé l’urgence de la situation : « Plus les mois passent, plus le nombre de salariés intéressés par cette allocation de départ anticipé diminue. Ils partent à la retraite sans compensation. » De 110 en 2005, ils ne sont plus qu’une quarantaine aujourd’hui. « Si le jugement sur le fond n’intervient que dans deux ans, nous ne plaiderons que pour le principe. »
« Sept personnes sont décédées à cause de l’amiante. Huit sont en maladie professionnelle », assure Jean-Claude Ouvrard. Il témoigne : « J’ai vu une femme tomber malade parce qu’elle a lavé toute sa vie le bleu de travail imprégné d’amiante de son mari. Lui-même est mort d’une maladie respiratoire. »
Au tribunal de Poitiers, les requérants demandaient donc, ce matin, qu’une nouvelle enquête de la direction du travail soit ordonnée. Une enquête durant laquelle ils pourraient être entendus. Le groupe Saint-Gobain n’était ni présent, ni représenté à l’audience. Le jugement sera rendu la semaine prochaine.
photo : Jean-Claude Ouvrard (au centre), Me Patrice Moehring (à droite).
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