Poitiers pris à la gorge

Dominés de bout en bout par une superbe équipe tourangelle, les Poitevins ont dit adieu à leurs espoirs de reconquérir, neuf ans après, la Coupe de France. Logique ! Cruellement logique !

Nicolas Boursier

Le7.info

 

Que de chemin parcouru en dix jours. Après l'atonie du couac contre Toulouse, une folie douce s'est emparée, ce soir, de Lawson-Body. Comme aux plus belles heures des rivalités exacerbées, le quart de finale de Coupe de France entre Poitiers et Tours a ravivé, le temps d'une prometteuse prise d'armes, la flamme de l'euphorie communicative.

Transition par trop brutale pour un public rapidement ébaubi par la furia tourangelle. A l'annonce du premier temps mort technique, l'ogre d'Indre-et-Loire virait déjà avec cinq points de pécule (3-8). Bloqués en bout de filet, les Poitevins s'en remettaient au duo Sol-Kieffer pour assurer leur salut. Peine perdue. En deux coups de cuiller à pot, Redwitz et les siens pliaient la première manche. Presque sans avoir à combattre (19-25).

Trop fort, Tours !

S'il doutait encore de la solidité de son adversaire, Poitiers Volley pouvait désormais se faire une raison. Ni la fièvre du « chaudron », ni un quelconque complexe de supériorité n'altéreraient sa volonté de vaincre. Les troupes de Lecat ne devaient donc plus compter que sur elles-mêmes pour envisager la lumière. 

De la nécessité à l'acte, Rivera trouvait la transition en se jouant du block visiteur (3-1). Mais trop d'erreurs au filet et une indigence criante en réception relançaient immédiatement la machine tourangelle (4-7). Et dire que le MVP de la saison, Earvin N'Gapeth, n'avait pas encore décidé de sortir de sa boîte. Pas la peine ! A lui seul, le duo Olteanu-D.Konecny éteignait le semblant de rébellion locale (11-14). 

Le Roumain n'en cédait pas moins sa place à l'Américain Nielsen. Pour le même résultat côté poitevin : un « trou » de trois points quasiment impossible à combler ! Et qui s'élargissait définitivement sur une « pipe » supersonique du meilleur joueur de Ligue A, enfin sorti de sa torpeur (16-21). En face, Rouzier continuait à s'empêtrer dans la nasse, Poitiers dans son impuissance. Imparable. Aussi imparable que l'ultime coup d'assommoir de maître N'Gapeth. 18-25 !

Espoir de courte durée

Quitte à mourir, autant tout donner dans la bataille. Le trident lusitanien Pinheiro-Lopes-Teixeira s'y employait à la reprise (8-6). Reste que les services maison ne créaient que trop rarement des brèches dans la cuirasse de l'assaillant. Rouzier, lui, poursuivait son chemin de croix, souffrant largement la comparaison avec son homologue tchèque. 

A 16-14, au coeur d'un magma de politesses et de fautes, les Poitevins pouvaient pourtant y croire. D'autant que d'un coup d'un seul, leur artilleur en chef crevait enfin l'abcès. Pour aussitôt retomber dans ses travers (21-21). Les visiteurs, décidément trop forts, ne pouvaient laisser passer leur chance. Ils offraient même à l'enfant du pays, Earvin N'Gapeth, le soin de clore les débats (22-25).

Poitiers ne gagnera pas cette année la troisième coupe de France de son histoire. Il n'a plus désormais que les play-offs du championnat et l'hypothèse de retrouvailles avec Tours en finale pour évacuer son immense frustration.

 

La fiche technique

À Poitiers (Lawson-Body). 2400 spectateurs. Arbitrage de MM. Parville et Rachard.. Poitiers - Tours : 0-3 en 1h07  (19-25 en 21', 18-25 en 21', 22-25 en 25')

La marque

Poitiers : Pinheiro 3, Kieffer 3, Sol 5, Rivera 6, Lopes 8, Rouzier 15. Libero : Teixeira.

Tours : Redwitz 2, P. Konecny 3, puis D'Almeida, Tolar 6, N'Gapeth 17, Olteanu 8, puis Nielsen, D. Konecny 21. Libero : Gonzalez.

A chaud…

Olivier Lecat (entraîneur de Poitiers) : « Nous sommes tombés sur une équipe de Tours hyper-solide, qui mérite sa victoire et a su profiter des faiblesses physiques actuelles de nos deux réceptionneurs. Je suis pourtant déçu du comportement de certains de mes joueurs, qui ont trop montré qu'ils étaient en souffrance. Marcher en baissant la tête n'apporte rien. Désormais, il va falloir digérer et évacuer cette énorme frustration. J'ai confiance dans la capacité de réaction de mon groupe, mais pour se remettre la tête à l'endroit, il va falloir faire vite. Espérons que l'esprit de revanche va nous guider. »

Eric N'Gapeth (entraîneur de Tours) : « Que voulez-vous que je vous dise ? Que mes gars ont fait le match parfait ? C'est le cas. En service-réception, nous n'avons jamais desserré l'étreinte. Les joueurs ont respecté à la lettre les consignes. Lorsque nous étions venus perdre ici, nous avions servi totalement différemment. Là, nous leur avons fait très mal et nous nous sommes montrés respectueux de la qualité de leur block. Mon fils MVP du championnat ? J'espère que ce n'est qu'un début. »

Oliver Kieffer (capitaine de Poitiers) : « On ne peut même pas avoir de regrets sur ce match, tant les Tourangeaux nous ont dominés. Ils ont su nous imposer une énorme pression en service-récep et nous ne sommes sortis de l'eau que trop sporadiquement. J'espère que nous aurons une revanche en championnat, mais pour l'heure, il va falloir se remobiliser et ne penser qu'au quart de finale aller.»

 

 

 

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