Hier
Avez-vous jamais projeté d’aider la science après votre mort ? A la Faculté de médecine et pharmacie de Poitiers, «le laboratoire d’anatomie – centre de don de corps» tend la main à votre générosité.
Cinq cents ans après qu’Ambroise Paré eut accompagné les premiers pas de la chirurgie moderne, l’exploration des corps a fait table rase des souillures du passé. Oubliés les cachots lugubres de la Renaissance et la morbidité de ses dissections expérimentales. Dans les soussols de la Faculté de médecine et pharmacie de Poitiers, le laboratoire d’anatomie sert l’exemple d’un « sanctuaire » érigeant en obsession le respect de la mort, de la maladie et de l’hygiène.
Ici, une vingtaine de cadavres sont soumis, chaque année, à l’expertise de praticiens « soucieux de revenir aux bases de la chirurgie « humaine » », aux travaux de recherche et à la formation des étudiants de l’UFR. Tous ces corps ont en commun d’avoir été légués à la science par leurs « anciens propriétaires ». Un acte d’une extrême générosité mais, hélas, encore trop peu répandu. « Avec la mise en place, imminente, d’un centre de prélèvement du foie au CHU, les besoins en « exercices » opératoires sont devenus prégnants, explique le professeur Jean-Pierre Richer, médecin anatomiste et chef du service. Ils s’ajoutent à la nécessité de l’enseignement de nos futurs médecins. Vingt corps pour des promotions de 220 étudiants, c’est évidemment trop peu. »
Du crématorium à la tombe
Pour mener à bien ses missions, le centre du don s’est entouré, depuis sa création, il y a douze ans, de partenaires fidèles et indispensables à son bon fonctionnement. Il a notamment passé convention avec une société d’ambulances chargée d’acheminer les corps vers ses locaux, sitôt le décès constaté. « Les ambulanciers disposent d’une clé pour ouvrir la porte extérieure donnant sur des chambres froides, souligne Jean-Pierre Richer. Ils peuvent ainsi déposer le corps la nuit ou le week-end. A son embauche, le technicien (le centre en compte deux diplômés) le recueille pour pratiquer embaumement ou congélation. »
Dans l’absolu, les cadavres sont « utilisables » dans un délai de deux ans. Après manipulation, ils sont dirigés vers le crématorium municipal. Les cendres sont ensuite déposées au cimetière de la Pierre-Levée, dans une tombe dédiée offerte, en 1997, par la Mairie. « En somme, les familles ne savent jamais à quel moment le corps du défunt est manipulé, ni quand ses cendres sont mises en terre. »
A ce jour, cinq cents personnes en Poitou-Charentes ont inscrit leur nom sur la liste des futurs donateurs. Mais combien
d’autres hésitent encore à franchir le pas ? « Beaucoup se renseignent mais ne donnent pas suite, concède le Pr Richer. Ce n’est pas critiquable, c’est même humain. Pour donner son corps, il faut avoir mûri sa réflexion et contourné les obstacles éthiques ou religieux, parfois les refus familiaux. Lorsqu’on parvient au bout de cette quête, il y a un choix à faire. Il est dans tous les cas respectable. » Et toujours respecté.
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jeudi 21 novembre