Hier
De nombreux Poitevins semblent ignorer qu’un régiment de mille soldats est installé dans leur ville. Aussi étrange qu’inattendu.
Entre campus et mairie, les langues ne se délient que sous la torture du corps-à-corps. Au combat rapproché de l’inquisition obstinée, quelques bonnes âmes finissent, de guerre lasse, par succomber à l’aveu. « Le RICM? Oui, j’en ai entendu parler. Mais à dire vrai, je ne sais pas où il est, ni ce qu’il fabrique (sic). » La jeunesse de Marjorie, 17 ans à peine, prête le flanc à une ignorance… pardonnable. La confession de Patrick, 42 ans, Poitevin depuis près d’une décennie, est plus difficilement compréhensible. « Moi, je ne lis pas les journaux. Je sais qu’il y a des militaires, là-haut, vers la statue. Mais combien ils sont, ça, j’en sais rien. » Notre-Dame des Dunes, la statue en question, n’aura jamais l’horizon assez dégagé pour couver du regard les destinées des Marsouins du RICM. Bel-Air est trop loin. Du retranchement du quartier Ladmirault, où il veille sur un millier d’hommes, le Colonel Marc Conruyt, chef de corps du régiment, ne feint même pas l’étonnement. « J’ai déjà eu l’occasion de constater que malgré une présence massive et historique dans la ville, le RICM manquait de notoriété. Il faut à tout prix la restaurer. Comme il faut dépoussiérer l’image du militaire replié à longueur d’année sur luimême. » S’il ne tenait qu’à lui, le patron du régiment le plus décoré de l’Hexagone irait porter la bonne parole à tous les coins de rues. « Les mondes civil et militaire vivent côte à côte, mais ils ont besoin de vivre ensemble et de mieux se connaître. » Parce que l’uniforme n’est plus un frein au rapprochement des êtres.
Jeunes, engagez-vous !
Cette volonté d’ouverture, le RICM la revendique plus que jamais. A défaut de portes ouvertes -« trop lourdes à encadrer »- l’état-major se met en quatre pour redorer le blason de sa popularité. « Prochainement, on organisera une kermesse en dehors du régiment », promet le Col Conruyt. Dans l’immédiat, c’est aux jeunes que ses exhortations s’adressent. « Ils doivent faire l’effort de nous rencontrer, dese renseigner sur les carrières proposées par l’armée. Pour beaucoup d’entre eux, nous pouvons être un tremplin. » Pour d‘autres, l’armée est même une vocation. Killian Berger (*), 18 ans sonnants, en est la preuve. Ce Neuvillois de naissance a grandi avec le RICM. Depuis dix jours, il est son berceau. « J’ai toujours su que je ferais carrière dans l’armée. Poitiers était mon premier choix, mes voeux ont été exaucés. » « Ce jeune-là est l’exemple de ce que nous recherchons, coupe Marc Conruyt. Des gamins d’ici qui participent à la vie du régiment local et trouvent leur voie grâce à lui. » Entre ombre et lumière, le RICM a définitivement choisi la lumière. Celle de la sensibilisation. Combien de temps encore lui faudra-t-il pour transformer l’indifférence opulaire en communion durable ?
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