Aujourd'hui
Lire, c’est prendre le pouvoir
Le Regard de la semaine est signé Jean-Luc Terradillos.
Entre campus et mairie, les langues ne se délient que sous la torture du corps-à-corps. Au combat rapproché de l’inquisition obstinée, quelques bonnes âmes finissent, de guerre lasse, par succomber à l’aveu. « Le RICM? Oui, j’en ai entendu parler. Mais à dire vrai, je ne sais pas où il est, ni ce qu’il fabrique (sic). » La jeunesse de Marjorie, 17 ans à peine, prête le flanc à une ignorance… pardonnable. La confession de Patrick, 42 ans, Poitevin depuis près d’une décennie, est plus difficilement compréhensible. « Moi, je ne lis pas les journaux. Je sais qu’il y a des militaires, là-haut, vers la statue. Mais combien ils sont, ça, j’en sais rien. » Notre-Dame des Dunes, la statue en question, n’aura jamais l’horizon assez dégagé pour couver du regard les destinées des Marsouins du RICM. Bel-Air est trop loin. Du retranchement du quartier Ladmirault, où il veille sur un millier d’hommes, le Colonel Marc Conruyt, chef de corps du régiment, ne feint même pas l’étonnement. « J’ai déjà eu l’occasion de constater que malgré une présence massive et historique dans la ville, le RICM manquait de notoriété. Il faut à tout prix la restaurer. Comme il faut dépoussiérer l’image du militaire replié à longueur d’année sur luimême. » S’il ne tenait qu’à lui, le patron du régiment le plus décoré de l’Hexagone irait porter la bonne parole à tous les coins de rues. « Les mondes civil et militaire vivent côte à côte, mais ils ont besoin de vivre ensemble et de mieux se connaître. » Parce que l’uniforme n’est plus un frein au rapprochement des êtres.
Jeunes, engagez-vous !
Cette volonté d’ouverture, le RICM la revendique plus que jamais. A défaut de portes ouvertes -« trop lourdes à encadrer »- l’état-major se met en quatre pour redorer le blason de sa popularité. « Prochainement, on organisera une kermesse en dehors du régiment », promet le Col Conruyt. Dans l’immédiat, c’est aux jeunes que ses exhortations s’adressent. « Ils doivent faire l’effort de nous rencontrer, dese renseigner sur les carrières proposées par l’armée. Pour beaucoup d’entre eux, nous pouvons être un tremplin. » Pour d‘autres, l’armée est même une vocation. Killian Berger (*), 18 ans sonnants, en est la preuve. Ce Neuvillois de naissance a grandi avec le RICM. Depuis dix jours, il est son berceau. « J’ai toujours su que je ferais carrière dans l’armée. Poitiers était mon premier choix, mes voeux ont été exaucés. » « Ce jeune-là est l’exemple de ce que nous recherchons, coupe Marc Conruyt. Des gamins d’ici qui participent à la vie du régiment local et trouvent leur voie grâce à lui. » Entre ombre et lumière, le RICM a définitivement choisi la lumière. Celle de la sensibilisation. Combien de temps encore lui faudra-t-il pour transformer l’indifférence opulaire en communion durable ?
Lire aussi : Killian : « Le RICM, mon premier choix »
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