mardi 24 décembre
Julien Dupont, 27 ans, séminariste au Diocèse de Poitiers. Ordonné diacre le jour de l’Ascension. Signe particulier : manie la langue de monsieur-tout-le-monde pour défendre sa paroisse, l’Eglise. Alléluia !
C’est une maison anonyme des années 70, « planquée » dans un quartier de Jaunay-Clan. Le potager attenant laisse deviner une présence régulière derrière les murs défraichis de la bâtisse. Bienvenue dans l’un des presbytères du diocèse de Poitiers-Nord. Intérieur cosy, tables et chaises Ikéa, fauteuil clubs, murs vert et blanc… Julien Dupont cultive un goût certain pour l’esthétique et « l’accueil fraternel ». Chez lui, l’allure est soignée, le discours rodé et le sourire jamais feint.
Après France 2, Canal +, M6 et Le Monde, le séminariste le plus en vue du « PAF » passe une nouvelle fois à confesse. Depuis quatre ans, l’ex-étudiant en sociologie et communication -il est titulaire d’un double Master- alimente avec soin son blog perso sur la toile (http://julien-dupont.blogspot.com). Alors, forcément, ses récents billets sur la pédophilie et l’Eglise ont attiré le regard des plumitifs. Avouons-le sans fard, ce sujet hyper brûlant lui donnerait presque de l’urticaire. Autant l’évacuer sans traîner. «Je comprends bien qu’un seul cas de pédophilie est un cas de trop, et que cela est inacceptable. Mais réduire l’Eglise à cela, c’est malhonnête ! »
Leader d’opinion
Via son carnet de bord électronique, Julien Dupont s’efforce justement de faire entendre une autre voix. La voix de l’Eglise ? « Non, ce serait très prétentieux de ma part… Leader d’opinion serait un terme plus approprié. » A des années lumière de la gérontocratie vaticanesque et des prises de position de Benoît XVI, le néo-diacre vit une « autre réalité » que celle dépeinte dans les médias. « L’espérance dans les yeux des fidèles », « le bonheur à venir du peuple chrétien », ce sentiment permanent que « l’Eglise est à naître » suffisent à le convaincre de la justesse du chemin qu’il a emprunté.
Dans quelques mois, le Châtelleraudais de naissance sera ordonné prêtre. « Sans doute avant Noël… » Après, il filera à l’anglaise, d’abord à Londres puis à Ottawa pendant un an. Loin de son Poitou natal, de cette famille qu’il aime tant et qui commence juste à comprendre les raisons de son drôle (?) de choix de carrière. « Papa était athée, maman va à la messe de Noël… et encore pas tous les ans. Autant dire que la foi n’était pas un sujet de conversation quotidien à la maison. » La lecture de la Bible à 9 ans, conjuguée à une visite à l’abbaye de Ligugé, l’a « beaucoup interpellé ».
« Ça en jette, non ? »
Il a pourtant mis du temps à s’affranchir des règles de la bienséance. Avant d’intégrer l’Institut de théologie de Paris en 2007, Julien a mené un temps une vie de consultant en sociologie presque ordinaire, à Lille. « J’étais chargé d’études sociologiques au Conseil régional du Nord Pas-de-Calais à 3 000 € par mois avec une assistante. Ça en jette, non ?», interroge le séminariste dans un grand éclat de rire. Aujourd’hui, ce « fils de Dieu » émarge à 720 € mensuels et vit de la générosité des fidèles. Qu’importe la paie, pourvu qu’il y ait « la disponibilité ». Car le futur prêtre a choisi de « se donner aux autres » et in fine de se détacher du matériel. Julien Dupont n’en reste pas moins un homme, passionné par les rencontres, le cinéma et la moto. Son premier deux-roues ne trône pas encore sur le parking du presbytère. Il attendra des jours meilleurs
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