mardi 24 décembre
10’51. Le 14 juillet 1990, Laurent Névo bat le record de la Vienne du 100 m. Vingt ans plus tard, le chrono de l’actuel Directeur général des services de la mairie de Saint-Benoît tient toujours. Souvenirs.
La Roche-sur-Yon, 14 juillet 1990. Ce jour là, pour Laurent Névo, le temps s’est arrêté. Au bout de la ligne droite de la piste en tartan de la préfecture de Vendée, le chrono magique de 10’51 s’affiche. Le sprinter de l’ASPTT Poitiers fait coup double. Il établit un nouveau record de la Vienne et du Poitou du 100m, l’épreuve la plus médiatique et spectaculaire de l’athlétisme. Deux décennies plus tard, le record du Poitou est tombé, mais celui de la Vienne tient toujours. L’ancien sprinter (43 ans) a raccroché les pointes en 1998, mais n‘a rien oublié de cette journée toute en bleublanc- rouge. Bien au contraire. « Ce meeting de La Roche était décisif pour se qualifier aux France Elite. J’étais parti la veille avec Gérard Lacroix, mon coach de toujours, se souvient-il vingt ans plus tard. C’était très important pour préparer au mieux la compétition. » Pourtant, le lendemain, les conditions de course n’étaient pas optimales. Le vent soufflait à un mètre par seconde. Rien de très exceptionnel, mais suffisamment tout de même pour que le juge arbitre n’inverse le sens de l’épreuve et ne donne des ailes au sprinter de l’ASPTT.
Départ explosif
Pour Laurent Névo, dont le point fort était le départ avec un temps de réaction très faible aux alentours de 12 centièmes de seconde, cela change tout. « Je n’avais pas les mêmes repères. Après un départ explosif, je me souviens avoir traversé la ligne, ce qui m’a permis de battre le record détenu depuis 1964 par le Chauvinois Alain Roy.» Un record toujours solidement accroché aux tablettes départementales. « A cette époque, je ne savais pas combien de temps il tiendrait. Une victoire, un titre, c’est éternel. Un record c’est éphémère. On sait qu’il sera battu un jour. Alors, le mien le sera. Fatalement.» Ce record booste la carrière du sprinter poitevin. Avec le recul, Laurent Névo n’est pas loin de penser qu’il est né à l’athlé le 14 juillet 1990. « Ce meeting de La Roche a été le déclic. Cela m’a donné confiance. J’ai un peu décomplexé et j’ai décidé d’aller à la bagarre avec les meilleurs. » Le sprinter le plus rapide de la région est au sommet de son art. Il se mesure aux Ben Jonson, Franckie Fredericks, BrunySurin, et Linford Christie. A Poitiers, la « Lacroix Académy » tourne à plein régime avec ses locomotives africaines Menelik Lawson, Ahmed Douhou, et Franck Waota. « J’étais dans des conditions parfaites pour m’entraîner. Il y avait une saine émulation. »
Maître du 60
C’est logiquement sur 60 m en salle que le futur Directeurgénéral des services de Saint-Benoît donne le meilleur de lui-même. « C’est sur cette distance que mon explosivité me permettait de bagarrer avec les meilleurs jusqu’au cassé de la ligne d’arrivée. » Nouveau sacre en 1994 à Bordeaux où il décroche le titre de champion de France du 60 m en 6’’67 au nez et à la barbe des Marie-Rose, Sangouma ou Trouabal. Dans la foulée, il participe même à la finale du Championnat d’Europe de Bercy où un certain Colin Jackson s’impose. « Ma vraie fierté, c’est peut-être ça. Celle d’avoir été à la lutte avec mes meilleurs sur le 60m. Etablir un record, c’est une chose. C’est un défi que tu te lances. Mais se frotter au gratin du sprint mondial, c’est autre chose », sourit le quadra.
Il n’éprouve d’ailleurs aucune nostalgie. « On ne vit pas d’avoir été. J’ai toujours eu dans un coin de ma tête l’impérieuse nécessité de passer à autre chose le moment venu. » C’est donc avec les mêmes qualités de travail et de rigueur, de persévérance et d’abnégation que l’ancien sprinter s’est précipité dans le monde professionnel. Aujourd’hui, le recordman départemental du 100 m a réussi sa reconversion. Ses sprints sont loin. Très loin. Mais dans sa tête les souvenirs bien vivaces. Et son record toujours là. Comme pour lui rappeler qu’il est né à l’athlé un 14 juillet.
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