À la Croisé des chemins

Roland Croisé, 53 ans.Cafetier poitevin depuis une paire d’années, ce Deux- Sévrien de souche au faciès inimitable mène les combats de sa profession. Franc parler assuré. À la santé du patron !

Arnault Varanne

Le7.info

Sa moustache fait grise mine et le plafond du Fruity Club suinte l’indifférence. À croire que tout fout le camp dans les bistrots du plateau. Les années passent et les cafés trépassent. Des dépôts de bilans en veux-tu en voilà… De quoi donner à Monsieur le président de la Confédération nationale des professionnels indépendants de l’hôtellerie (CPIH) -section cafés, bars et brasseries- le sentiment que rien ne va plus dans ce bas monde. Les interdits succèdent aux interdits et ce sontles cafetiers qui trinquent au final.

De son enfance à Boismé (Deux-Sèvres), Roland Croisé se souvient de “la convivialité du bistrot du village”. “C’était un lieu de rencontres, d’échanges avec un vrai rôle social”, les volutes de fumée de cigarettes en sus. Lui n’a jamais tiré une taffe de nicotine. Et alors ? “Avant la loi de février 2007, je n’empêchais pas un client d’en griller une dans mon établissement…”, rappelle-t-il comme pour montrer son “respect des règles”. Aujourd’hui, le patron du Fruity Club regrette qu’on stigmatise les bars dès qu’un fait-divers malheureux s’affiche à la Une des journaux. Il demande juste aux pouvoirs publics “la liberté de travailler”.


L’énergie du changement

Depuis quelques semaines, cette figure de la vie locale poitevine joue sa partition à Paris, au ministère de l’Intérieure particulier. “Là-bas, ils m’ont beaucoup entendu sur l’histoire de la TVA à 5,5% !” L’énergie du changement le guide pour le moment sur le sentier de la revendication. Jusqu’à temps. Son corps et son coeur lui ont déjà envoyé quelques signaux de détresse. C’était en 1997 et 2004 avec, à la clé, plusieurs mois d’arrêt forcé. Entre-temps, l’ancien directeur de supermarché avait établi sa réputation sur le plateau. Les amateurs d’alcool se souviennent encore de la carte du Charleston, ses 380 variétés de whisky et 300 cocktails et bières. Le fruit d’une passion échevelée pour les scotchs produits de l’autre côté de la Manche.

L’histoire retiendra même que Roland Croisé fut, l’espace d’un concours, au service du Prince Rainier de Monaco. “J’essaie toujours d’aller au bout de mes entreprises…”, glisse l’ancien gérant de la Charrette A Ar, place Notre-Dame.


Il se repique au jeu

Son engagement au sein de la CPIH accrédite ses dires, même s’il provoque chez sa complice de toujours, son épouse Annie, une sorte de méfiance naturelle. Après dix ans à la tête de la CPIH Vienne, voilà que Roland se (re)pique au jeu, à l’échelon national de surcroît. Sûr que ses deux enfants (16 ans et 10 ans) apprécient la détermination de leur paternel. Sûr aussi qu’ils ne supporteraient pas de le perdre dans des combats qui ne sont pas les leurs. Seulement voilà, le bonhomme ne changera pas maintenant. Tout juste consent-il à admettre qu’il va devoir “calmer le jeu”. Raccrocher le tablier ? Difficile à imaginer. “J’aime trop ce métier pour m’éloigner des métiers de l’hôtellerie restauration. Peut-être qu’un rôle de consultant me plairait…” À bon entendeur…


 

À lire aussi ...