mardi 24 décembre
Hier militante associative, aujourd’hui conseillère régionale. À 59 ans, Hélène Shemwell entame une nouvelle étape de sa vie sous la bannière d’Europe Ecologie.
Elle s’excuse de son léger retard sur l’heure convenue. Ce devait être 14 heures, puis 11 heures et, finalement, le plumitif eut droit à “son” entretien en tête-à-tête avec Mme Shemwell vers 12h15. À la Région, la rentrée des classes a sonné vendredi dernier et l’ancienne prof d’allemand y perdrait presque son latin. Après trois mois d’une campagne intensive, la voilà flanquée d’Henri de Richemont et Ségolène Royal, au premier rang de l’hémicycle. Même pas peur.
À 59 ans, l’ancienne présidente et militante de longue date de l’Association pour la cohérence environnementale en Vienne (Aceve) débute dans la vie politique nantie d’une certaine expérience de l’existence. C’est un euphémisme... “Jusque-là, aucun parti ne m’avait donné envie de m’engager, admet-elle. La campagne d’Europe Ecologie aux Européennes de 2008 a agi comme un déclic.” Ni une ni deux, cette mère de quatre enfants a franchi le pas, se voyant même bombardée tête de liste dans la Vienne aux Régionales. “Quand je m’engage, je vais jusqu’au bout…”, martèle cette amoureuse de littérature américaine et d’art moderne.
“En accord avec moi-même”
Cette première cape politique, madame la conseillère régionale la vit comme “une synthèse de tout ce que j’ai fait avant”. Depuis l’adolescence, son logiciel de pensée intègre une “conscience écologique” aiguë. Née en Alsace, Hélène Shemwell a grandi dans les Vosges “au contact de la nature” et s’est laissé bercer très tôt par les discours de René Dumont, le pape tricolore de l’écologie. La belle époque, mai 68 et sa cohorte de messages utopiques ! Elle y croyait vraiment, au point de respecter les préceptes de la doctrine écolo. “Ce qui m’a toujours animée, c’est être en accord avec moi-même.”
En fait, Hélène Shemwell n’a eu de cesse de manier l’écologie comme un guide pratique de la vie quotidienne. Sans verser dans la “marginalisation” et le prosélytisme à outrance. “J’ai éduqué mes quatre enfants autour de ces valeurs. Et je crois qu’ils ne s’en sortent pas trop mal.” Le cadet mène une carrière d’ingénieur thermicien. Et les trois autres n’ont rien trouvé d’autre à dire à leur mère que : “Vas-y !” au moment de son ralliement à Europe Ecologie. Ah, la politique ! Ses petites phrases assassines, son art du compromis permanent, sa noblesse supposée.
“La femme est l’avenir de l’homme”
Dans un hémicycle où le savoir-faire compte autant que le faire-savoir, la «bleue» des Verts espère que sa petite voix “féministe” sera entendue au-delà de son groupe politique. Elle avoue toutefois, avec une sincérité propre aux novices, que les réactions du personnel politique à la suite de l’abandon (dans l’immédiat) de la taxe carbone l’ont laissée “perplexe”. Qu’à cela ne tienne, cette fine connaisseuse de la chose écologique “ira jusqu’au bout” de ses convictions et de son premier mandat. “Jean Ferrat a dit que la femme était l’avenir de l’homme. Il est temps que nous occupions une place plus importante.” Et si possible dans les lieux de pouvoir.
Pour l’anecdote, Hélène Shemwell a vécu deux ans à Nashville, dans le Tennessee. C’était au début des années 90. “L’Amérique reculée dont on ne parle jamais. A l’époque, je n’aurais jamais pu imaginer qu’un président noir puisse être élu un jour à la tête des Etats-Unis. Alors je bme dis : « tout est possible » !” Même une rentrée des classes à 59 ans...
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