Aujourd'hui
Brigitte Arnaud-Boué, 52 ans. La patronne de Goulibeur trace son sillon dans un milieu hyper masculinisé. Signe particulier : son tempérament de feu. Portrait.
Gamine, elle se planquait dans le camion familial quelques minutes avant le départ de ses parents vers les marchés de la région. Aujourd’hui, la fille et petite-fille de marchands de fromages ne se cache plus. Elle vit à découvert, à la conquête d’autres marchés, européen, américain, asiatique ceux-là. Question d’échelle. S’agissant du tempérament, Brigitte Arnaud-Boué a hérité de celui de sa mère et de sa grand-mère. La patronne de Goulibeur (15 salariés, 2,4 millions d’euros de CA) qualifie volontiers ses aïeules de “maîtresses-femmes”. Avec un grand “M” svp. “Disons que les femmes sont proactives chez nous…”, ajuste-t-elle. “BAB” l’est encore plus.
Des années de pensionnat, ça vous forge un caractère en acier trempé. Et des certitudes. “Très tôt, j’ai su que je serais chef, j’avais un esprit rebelle.” Son Bac G en poche, la Vouglaisienne ne mit pas plus de 15 jours à passer du statut de cheftaine des dortoirs à chef d’entreprise avec Faprena. Chapeau l’artiste. Allez, on ne va pas se voiler la face. Ses premières années de capitaine (d’industrie) ne furent pas couronnées d’un franc succès. Qu’à cela ne tienne, la jeune femme cultive la ténacité autant que “le goût du beau et du bon”. Sur l’autel du bon goût et de la qualité, la papesse du broyé poitevin remit donc l’ouvrage sur le tapis avec une abnégation intacte.
“Les guerres de pouvoir, pas pour moi”
La suite ? Fin du tourteau fromager, entrée dans le groupe Bongrain, sortie après cinq ans, enterrement de Faprena, naissance de Goulibeur en 1994… Cette “bio” économique lapidaire déplairait forcément à l’ex-présidente de l’Association régionale des industriels de l’agroalimentaire (Aria), elle qui a “tant appris” de ces épisodes tourmentés de son parcours professionnel. “Je me suis notamment aperçue que les guerres de pouvoir, ce n’était pas pour moi.” Consciemment ou inconsciemment, “BAB” se situe au-dessus la mêlée. Au risque de se répéter, elle aime diriger et se définit même comme “dure, exigeante” avec ses collaborateurs. À croire que les anciens de chez Goulibeur ont un petit côté masochiste, eux qui supportent la madone depuis une paire d’années.
“La politique ? trop de compromis”
Que voulez-vous, on ne dure pas dans ces métiers sans une bonne dose de fermeté et un cerveau fécond. Car si Brigitte Arnaud-Boué s’érige en gardienne du temple –pas de colorant, ni de conservateur dans ses galettes-, elle sait pertinemment que la nouveauté constitue le moteur du projet Goulibeur. “Je suis une éternelle insatisfaite, toujours à la recherche de nouveaux produits, de nouveaux marchés. C’est vrai que je suis exigeante, mais avant tout avec moi-même.”
La politique ? À 52 ans, la dirigeante accomplie y pense… puis oublie vite. On l’a déjà sollicitée, mais elle n’a jamais donné suite. Trop de “compromis à faire”. Et puis, la langue de bois, ce n’est pas vraiment le genre de la maison. Non, définitivement, elle n’aurait pas sa place dans cet “autre monde”. “Déjà que dans certaines réunions de chefs d’entreprise, j’emmène mon rouleau de scotch !” Elle apprécie trop cette liberté de parole et de mouvement gagnée à la force du poignet. Même les joies de la maternité lui ont paru trop suspectes pour qu’elle endosse le rôle de mère. “Les enfants ? Je ne sais pas trop bien faire, c’est mon côté un peu sauvage ça. Aujourd’hui, je ne dois rien à personne, je n’ai pas d’obligation. Je me sens libre.”
Elle feint de le croire puis, d’un sourire, se ravise, préférant évoquer (un peu) son jardin secret : les concours de cuisine avec son “Italien de Jules”, son carnet de rêves dans lequel elle consigne toutes ses envies, sa capacité d’indignation intacte avec les années… Elle est comme ça Brigitte Arnaud- Boué. Dure et exigeante avec ses proches, rêveuse et indignée, éprise de liberté. Humaine, en somme.
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