
Aujourd'hui
Dans son sens large, le fascisme peut être défini comme un système politique qui associe populisme, nationalisme et totalitarisme au nom d'un idéal collectif suprême. Mouvement d’extrême droite, révolutionnaire, il s'oppose frontalement à la démocratie parlementaire et au libéralisme traditionnel, et remet en cause l’individualisme codifié par la pensée des Lumières. Mais nous pourrions faire un pas de côté et interroger le fascisme dans ses interstices et ses mécanismes. Et si nous suivions Deleuze et Guattari dans Mille plateaux(*), nous serions surpris de voir que nous portons en nous un cadre fascisant. Il s’agit de ces « micro-répressions » que les auteurs qualifient de fascisme moléculaire. Ainsi, selon eux, nous serions en face de deux types de fascisme qui opèrent d’une part de façon macro et d’autre part de façon micro. Dans tous les cas, il s’agit d’un cadre de répression. Mais comment agissent-ils ? A grands traits, nous retrouverions dans le fascisme macro la structure bureaucratique et politique qui codifie nos modes d’être et, par ailleurs, le micro-fascisme que nous portons en nous et qui codifie nos micro-répressions. Pour ce dernier, il s’agirait d’un fascisme moléculaire qui vient des individus eux-mêmes. Le fascisme politique se traduit par la création d’un Etat national-socialiste par exemple. L’autre fascisme moléculaire, intériorisé et qui parcourt toutes les individualités pour les rediriger vers la contrainte capitaliste, peut-être caractérisé comme totalisant et totalitaire. Quand le second s’impulse d’en haut, le premier vient d’en bas. Mais dans tous les cas, ce ne sont que des variantes qui vont vers la répression. Notre époque peut s’interroger clairement sur ce retour à une espèce d’autoritarisme et ce besoin de régime fort et autoritaire. Entre Poutine, et Trump, et la montée en force de l’extrême droite en Europe, il peut apparaître étonnant qu’après l’expérience du fascisme totalitaire (nazisme), nous soyons toujours et encore tournés vers ces régimes répressifs et autoritaires.
Michel Foucault disait que le siècle serait deleuzien. Que comprendre de cette affirmation ? Que Deleuze et Guattari auraient décelé un mode d’être qui par l’auto- répression de nos désirs nous conduit à ces micro-fascismes, justifiant ainsi des fascismes bureaucratiques ? Comment sortir de ce cadre ? Peut-on même en sortir ?
(*)Mille plateaux, Les Editions de minuit - 1980.
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