On n’en est encore qu’au projet de loi mais l’instauration d’une visite médicale périodique pourrait, à l’horizon 2030, remettre en cause le permis de conduire à vie. La fréquence serait de cinq ans pour les conducteurs de 70 ans et plus, quinze ans pour les autres.

Claire Brugier

Le7.info

Présenté le 1er avril dernier devant l’Assemblée nationale, le projet de loi(*) sur le permis de conduire (A et B) visant à instaurer une visite médicale périodique obligatoire n’a rien d’un « poisson d’avril ». 
Souvent soulevée, maintes fois repoussée, cette question de sécurité routière, déjà tranchée dans quatorze pays européens, revient de façon récurrente dans les débats en France, notamment à l’endroit des seniors. 


Le texte présenté par le député Horizons Frédéric Valletoux distingue ainsi les conducteurs de 70 ans et plus des autres. Aux premiers il pourrait imposer un contrôle médical obligatoire tous les cinq ans, contre tous les quinze ans au reste de la population. « Âgisme ! », 
« Fin du permis à vie ! », arguent 
ses détracteurs. « Je ne suis pas contre l’idée d’une visite médicale, mais il ne faut pas trop taper sur les aînés, prévient pour sa part Danielle Leberre. Ce ne sont pas eux qui causent le plus d’accidents. » La présidente de Générations Mouvement 86 a été membre de l’Automobile Club de l’Ouest pendant près de trente ans. La voiture, elle connaît. « C’est la liberté !, clame la dynamique septuagénaire. Mais personnellement, je fais très attention car je considère qu’à mon âge - j’ai 78 ans !-, je n’ai plus les mêmes réflexes que des personnes plus jeunes. J’ai roulé vite mais c’est fini. Je suis aussi consciente que je ne vois plus rien la nuit, donc quand je vais voir mes enfants qui habitent en campagne, je rentre de jour. »


Au-delà de l’accidentologie

Dans la Vienne, sur les 
217 accidents corporels enregistrés en 2024, 62 ont impliqué un conducteur de 65 ans et plus, présumé responsable dans 
40 cas. Et les seniors ont représenté 40% des tués sur les routes, soit 12 victimes. 


La question, toutefois, dépasse largement les chiffres de l’accidentologie. Dans une pétition défendant le permis de conduire à vie, 40 Millions d’automobilistes rappelle que « ce titre est bien plus qu'un simple document administratif : il est un outil indispensable pour se déplacer, aller travailler, voir sa famille, et tout simplement vivre librement ». Qui dit permis de conduire, dit mobilité. 
« En ruralité, les personne sont obligées de conduire pour aller faire leurs courses, se rendre à un rendez-vous médical, chez des amis, insiste Danielle Leberre. Il y a déjà tellement de gens isolés… »
Le projet de loi, qui fait écho à un arrêté du 28 mars 2022 fixant les affections médicales incompatibles avec la conduite d’un véhicule, devrait repasser devant l’Assemblée nationale en juin. Son application, prévue à l’horizon 2030, serait financée par la création d’une taxe additionnelle à l’accise (directe) sur les tabacs. 


(*)Le 25 mars, l’Union européenne a validé le principe d’un examen médical pour les futurs conducteurs. Le texte doit encore être approuvé par le Conseil et le Parlement européens.

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