Pour évaluer les besoins mais aussi mesurer l’efficacité de l’action publique en matière d’inclusion numérique, la Ville de Poitiers lance, en collaboration avec l’université, un Observatoire permanent de l’exclusion numérique, Open.

Claire Brugier

Le7.info

La campagne de déclaration de revenus a débuté le 10 avril. Dans la Vienne, la date limite de dépôt est fixée au 5 juin, hormis pour les 13% de contribuables continuant à utiliser le formulaire papier. Pour eux, elle est avancée au 20 mai à 23h59. Impôts, Caisse d’allocations familiales, Caisse primaire d’assurance maladie… La dématérialisation des démarches administratives annoncée par le Président de la République lors de son premier quinquennat -et confortée par la crise Covid-, est bel et bien en marche, malgré l’illectronisme persistant. Selon l’Insee, rien qu’à l’échelle de la Nouvelle-Aquitaine, un habitant sur six n’utiliserait pas les outils numériques. Face à ce constat, l’Etat a financé pendant deux ans l’emploi de « conseillers numériques » 
-que les collectivités n’ont pas toujours eu les moyens de prolonger au-delà- et maillé le territoire de maisons France Services. L’espace informatique du centre socioculturel des Trois-Cités, à Poitiers, a ainsi été labellisé et, depuis, son activité a crû. « On accueille entre 30 et 40 personnes par jour pour des démarches administratives, auprès de la préfecture, de la CPAM, de la Carsat… », évalue Abdellatif Takourbi. Le besoin est réel. Pour autant, la réponse est-elle pleinement efficace ? 
« D’un côté il y a les statistiques, de l’autre la réalité de terrain, résume François Serret, chargé de mission inclusion numérique à la Ville. On peut dire combien il y a d’animateurs municipaux, de permanences, d’ateliers, de personnes reçues, mais on ne sait pas si ce qui est mis en place est adapté aux besoins. » 


Recherche et 
politique publique

A l’instar de Brest, La Rochelle ou Bordeaux, Poitiers a donc souhaité instaurer, en collaboration avec quatre laboratoires de l’université -Techné, Migrinter, FoReLLIS et le Criham, soit une dizaine de chercheurs-, un Observatoire permanent de l’exclusion numérique (Open). Ou comment concilier le savoir académique et l’expertise des acteurs de terrain afin d’évaluer la pertinence des politiques publiques dans le domaine de l’inclusion numérique. « L’objectif est d’aller au-delà de la donnée, de comprendre et décrire les chiffres, explique Emmanuelle Vareille, à l’initiative de l’Open avec Emilie Rémond, également enseignante-chercheuse au laboratoire Techné. L’exclusion numérique est complexe à décrire. On en a souvent une vision binaire, opposant les jeunes aux seniors, les riches aux pauvres… Nous souhaitons aller au-delà de cette polarité. » Car, certes, deux Néo-Aquitains sur trois de plus de 75 ans sont illectroniques mais, à l’autre bout de la pyramide des âges, « les étudiants, habitués à utiliser leur smartphone, peuvent éprouver des difficultés face au pavé numérique ». 


Pour mener l’enquête de terrain, la Ville a recruté jusqu’en juillet une stagiaire. Il appartiendra ensuite aux chercheurs d’analyser les données recueillies. Leurs conclusions ainsi que les retours d’expérience d’autres villes européennes seront présentés lors d’un colloque international prévu en juin 2026.

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