Hiver pluvieux, forêt heureuse

S’il en est une qui ne va pas se plaindre de la pluviométrie généreuse de cet hiver, c’est… la forêt ! Après deux ans au régime sec, les massifs forestiers de la Vienne ont repris des forces.

Claire Brugier

Le7.info

De l’eau, enfin ! « On attendait la pluie avec impatience », confie Antoine Bled. Depuis plusieurs saisons déjà, la forêt était en souffrance. Par bonheur, les pluies conséquentes tombées cet hiver lui ont permis de se réhydrater. « Les nappes phréatiques se sont rechargées et un certain nombre d’essences se sont refait une santé, poursuit le directeur territorial Poitou-Charentes de l’ONF. Le sous-étage se reconstitue et la régénération est bien meilleure. » Bilan : le pronostic vital de la patiente, confrontée à une sècheresse prolongée, n’est plus engagé. « Le suivi santé de la forêt affiche cette année des notes sanitaires convenables », confirme Guillaume Labarre. Le responsable de l’unité territoriale Vienne-Nord-Deux-Sèvres était las de voir des chênes aux ramifications trop fines ou des incendies embraser des parcelles entières. La forêt n’a pas non plus subi cette année le phénomène de chablis : aucun vent violent n’est venu terrasser des arbres fragilisés s’accrochant à des sols tantôt trop secs, tantôt gorgés d’eau. Par ricochet, les équipes de l’ONF n’ont pas eu à s’organiser pour intervenir avant que le bois tombé au sol ne soit piqué par des insectes xylophages.

Essences, sols, climat

Les pluies abondantes ont néanmoins compliqué la valorisation des bois. « Les sols marquant davantage, on a dû retarder ou décaler des coupes vers des sols plus portants », explique Antoine Bled. « Moulière, chaque année, ce sont 10 000m3 de bois. Cette année, nous n’en avons produit aucun », détaille Guillaume Labarre. Qu’à cela ne tienne. En s’appuyant sur son document de gestion durable, l’ONF est allé couper dans d’autres massifs, pour le feuillus en forêt de Châtellerault par exemple, où les sols sont plus sableux, et pour les pins et autres résineux du côté de la Charente-Maritime.

Dans l’ensemble, l’hiver 2024-2025 a donc momentanément pansé les plaies de la forêt. Mais quelques mois de pluie sont bien peu de choses à l’échelle de la sylviculture, et plus encore en période de réchauffement climatique. 
« L’ONF travaille au renouvellement de la forêt sur un scénario à +4°C d’ici 2100, ce qui signifie cultiver les mélanges, favoriser les essences qui se régénèrent naturellement ou capables de s’adapter, et en intégrer de nouvelles, résume Antoine Bled. C’est ce qu’on appelle la forêt mosaïque. » Ou comment trouver « l’équilibre entre les essences, les sols et le climat, conclut Guillaume Labarre. C’est un triptyque. Mais c’est le climat qui varie le plus vite. »

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