Quand allergique rime avec changement climatique

L’arrivée anticipée des pollens de noisetier dès le mois de février contraint les personnes allergiques à s’adapter. En cause, le changement climatique qui influe sur la saison de pollinisation, de plus en plus précoce.

Charlotte Cresson

Le7.info

Yeux larmoyants, nez qui coule et gorge qui gratte, les allergiques aux pollens sont confrontés de plus en plus tôt à des symptômes parfois difficiles à vivre. Cette année, le fléau a commencé mi-février. Parmi les causes avancées, la pollution et des saisons modifiées en raison du changement climatique. La hausse des températures impacterait en effet les saisons polliniques. A Poitiers, notamment, l’heure est aux émissions de pollens d’aulne, de noisetier, de frêne et de saule, fleurissant de plus en plus tôt. « Le climat va être favorable à des émissions beaucoup plus précoces. La période pollinique est désormais très longue puisqu’elle s’étend de janvier à novembre. Ça laisse peu de répit aux allergiques », indique Aude Thomet, chargée de mission santé à la Ville de Poitiers. Un constat partagé par le docteur Johan Léquipé, allergologue au CHU. « Les végétaux sont soumis à des polluants et s’adaptent. Le contenu du grain de pollen change, la pollinisation arrive de plus en plus tôt et dure de plus en plus longtemps », confiait le praticien dans nos colonnes en juin dernier. De nouveaux phénomènes tendent également à apparaître, comme l’asthme d’orage. « Nous avons pu en observer en mai dernier. La concentration de pollens augmente près du sol. La foudre démultiplie les grains qui deviennent ainsi de plus en plus petits et pénètrent de plus en plus loin dans les poumons. C’est la première fois qu’on en entend parler, il faut voir comment cela va évoluer », précise Aude Thomet. 


Etudier le pollen

Réduire les risques passe par un meilleur contrôle des espèces allergisantes. Au pollinarium sentinelle du parc de Blossac, à Poitiers, chercheurs, médecins allergologues et jardiniers « montent la garde » 
et étudient les principales espèces de plantes allergisantes locales. L’objectif ? Détecter les émissions de pollens de façon précoce pour permettre aux habitants de prendre leur traitement au bon moment(*). 
« Cette année, on fait une expérimentation en comparant les arbres en pleine terre plantés dans le jardin anglais et à l’îlot Tison et ceux en pot. On remarque notamment que les chatons des arbres de pleine terre se développent plus tôt. » Autre caractéristique du changement climatique, l’apparition de nouvelles espèces. « On constate la présence de l’ambroisie, une espèce très invasive et au potentiel allergisant extrêmement fort, souvent transportées par les engins agricoles. Il est donc important de faire de la prévention pour éviter la propagation. » Actuellement, une étude sur le ray-grass est menée avec l’Inrae de Lusignan afin d’étudier le pollen de cette graminée très résistante. En attendant les résultats, il est conseillé aux allergiques d’aérer tôt le matin et tard le soir, de se brosser régulièrement les cheveux et de consulter les bulletins allergo-polliniques. 


(*)Alertes disponibles sur web.alertepollens.org.

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