Délocalisés, tout en maladresse

Un humour potache, des clichés et un message fort qui a malheureusement du mal à passer, Redouane et Ali Bougheraba tentent maladroitement d’évoquer le fléau de la mondialisation et l’exploitation des ouvriers. Malgré une énergie débordante, la magie n’opère pas.

Charlotte Cresson

Le7.info

Le jour tant attendu est arrivé pour Redouane (Redouane Bougheraba). L’ouvrier a eu une promotion et va enfin passer contremaître. Seulement voilà, la joie est de courte durée. L’usine de matelas Lidou (ça ne s’invente pas) va être délocalisée… en Inde. Bien décidé à garder ce nouveau poste de contremaître et garanti d’être payé double, Redouane quitte son pavillon du nord de la France, son voisin « Moustache » qui sort les poubelles en peignoir et en slip et ses beaux-parents islamophobes et s’envole pour Calcutta avec sa compagne Marguerite (pétillante Vanessa Guide). Là, la désillusion est grande. Son patron (Antoine Gouy) lui a fait miroiter monts et merveilles. Il sera bien payé double mais en roupies. Contrarié par cette nouvelle et par les conditions de travail qu’il découvre en Inde, Redouane décide de liguer toute l’équipe contre la direction en lui inculquant le meilleur des droits sociaux français… et notamment la grève. Si le message que souhaitaient transmettre les réalisateurs est louable, dans Délocalisés les maladresses se succèdent et rendent l’expérience inconfortable pour le spectateur. Les innombrables clichés sur l’Inde, ses habitants et ses coutumes, sans oublier les accents forcés frôlent un racisme qu’ils veulent pourtant dénoncer. Ce qui aurait pu être une critique de la mondialisation et ses méfaits se transforme en un énième film dans lequel les héros occidentaux apparaissent comme des sauveurs capables de tout arranger. Autre spécialité maladroite occidentale, les caricaturaux ouvriers indiens apparaissent ici comme des faire-valoir du personnage principal. Ces points noirs, non négligeables et ajoutés à un humour potache, n’effacent néanmoins pas l’énergie communicative des frères Bougheraba qui transmettent une bonne humeur indéniable. Une simple maladresse donc…

Comédie de Redouane et Ali Bougheraba, avec eux-mêmes, Antoine Gouy, Vanessa Guide (1h26).

 

DR

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