
Aujourd'hui
La très longue histoire industrielle du bassin châtelleraudais ne se conjugue pas qu’au passé. Au présent, des chercheurs de l’université de Poitiers et leurs étudiants ont commencé à s’emparer d’un sujet majeur et porteur d’avenir, la transition énergétique. Ils se donnent trois ans pour répondre à de nombreuses questions : Comment produire davantage d’énergie renouvelable localement ? Comment réduire la dépendance aux ressources extérieures ? Comment accompagner les mutations industrielles sur une trajectoire de décarbonation ?... « La chaire énergie et territoire se veut un laboratoire à ciel ouvert, il vise à mieux comprendre les freins, les leviers et les opportunités. Côté sciences dures(*), deux sujets se dégagent, les réseaux et l’ammoniaque, côté sciences humaines, les questions de gouvernance d’acceptabilité, de conflits d’usages, de foncier », illustre Marie Ferru.
L’enseignante-chercheuse en géographie et huit de ses étudiants en gestion des territoires en transition se sont immergés une journée dans le Châtelleraudais, la semaine dernière. Au menu : des échanges avec des techniciens et élus de Grand Châtellerault et une visite du site des Fonderies appelé à devenir une place forte de la production photovoltaïque (TSE) et d’hydrogène vert (Lhyfe). « Il y a beaucoup de projets, d’initiatives mais pas forcément une ligne directrice claire », remarque Marie, l'une des étudiantes. « On va donc essayer de se centrer sur quelques thématiques », ajoute Mathilde. Une première restitution est prévue au printemps.
Cette chaire universitaire, sans doute la première du genre en France, va centrer son travail universitaire « sur la notion de transition », insiste Marie Ferru. Avec le soutien financier de la Région, certes, mais aussi de Lhyfe et TSE, les principaux protagonistes de la reconversion des Fonderies du Poitou, ainsi que Selfee, filiale du Crédit Agricole. Car le labo à ciel ouvert va avoir du grain à moudre. A Ingrandes-sur-Vienne, la déconstruction des bâtiments se déroulera « fin 2025 et en 2026 » et les 20 hectares de panneaux solaires seront installés « jusqu’en 2027. Le porteur de projet (TSE) doit déposer le permis de construire dans quelques semaines », précise Rémi Velez, responsable du service énergie à Grand Châtellerault. S’agissant du projet Lhyfe, en revanche, les projections sont plus floues en raison du montant des investissements. « Ce qui est certain, c’est qu’il y aura demain des réglementations européennes demandant aux industriels de se fournir en énergies vertes. » Le hub énergétique devrait logiquement attirer de nouvelles entreprises. Vous avez dit transition ?
(*)Nicolas Bion (équipe Samcat de l’Institut de chimie et des matériaux) est co-directeur de la chaire avec Marie Ferru.
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