Construction : l’embellie attendra

Les mois passent et la crise demeure dans le bâtiment, où les professionnels de la construction sont toujours confrontés à une situation délicate. Les mises en chantier ont reculé de 21,5% l’année dernière.

Arnault Varanne

Le7.info

A l’échelle nationale, le chiffre est édifiant. En 2021, les mises en chantier représentaient 410 000 logements, contre seulement 
263 000 l’année dernière. Dans la Vienne, même dégringolade. Les déclarations d'ouverture de chantiers et demandes de permis de construire (cf. p. 9) au cours des douze derniers mois ont chuté de 21,5%, sachant que la baisse atteignait 32,4% un an plus tôt. Ces mauvais chiffres concernent davantage les logements individuels (-42,6%) que collectifs (+2,6%). Et pourtant, le manque de logements n’a jamais été aussi criant. Interrogé récemment par nos confrères d’ici Poitou, Antoine Dagonat a rappelé quelques évidences. 
« Aujourd'hui, rien que sur les demandes de logements sociaux, on est sur plus de 6 000 dans le département. Cela ne veut pas dire qu'il faut construire 6 000 logements. [...] La difficulté, c'est qu’un certain nombre de ménages ne peuvent pas avoir accès aux prêts bancaires et donc accéder à la propriété », selon le directeur de l’Agence départementale d’information sur le logement de la Vienne (Adil 86). Une demande toujours plus prégnante, une offre qui s’étiole...

Une forme d’attentisme

Ces mauvais indicateurs se traduisent évidemment dans l’activité économique. « Nous sommes à -4% en chiffre d’affaires sur l’ensemble de la filière et à -8,5% sur le neuf, constate Benoît Labrunie, secrétaire général de la Capeb 86. Pourtant, le coût des matériaux s’est stabilisé et le foncier n’a pas augmenté. » La situation s’avère donc très morose pour les professionnels du bâtiment. Seule éclaircie dans ce ciel noir :
la reprise des chantiers dans les locaux non résidentiels (+27,7%), avec des projets bien entamés de nouveaux bureaux (+31,2%) et entrepôts (+174,9%). Mais l’attentisme politique avec une loi de finances à peine votée n’aide pas les futurs propriétaires à se projeter, encore moins à rénover pour ceux qui possèdent déjà un bien et souhaitent le rénover. « Depuis deux mois, certains artisans font des devis mais se heurtent à une certaine inertie sachant que l’Anah n’instruit pas les dossiers MaPrimeRénov’ », 
appuie Benoît Labrunie.

Ce n’est pas la seule mauvaise surprise en provenance du Palais Bourbon. Le « coup de rabot sur l’allègement des charges sociales allant jusqu’à 1,6 fois le Smic va inévitablement augmenter le coût de la main d’œuvre ». Jusque-là, la casse sociale a pourtant été limitée, avec peu de suppressions d’emplois mais « un recours à l’intérim moins fort ». Le secrétaire général de la Capeb 86 tranche : « Le chiffre d’affaires des entreprises et leur visibilité ne vont pas s’améliorer en 2025. »

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