Les rassemblements de véhicules « tuning » se sont multipliés sur les routes de la Vienne en 2024. Mais la garde à vue d’un influenceur et un coup de filet des forces de l’ordre semblent avoir ralenti l’activité.
Le principe est immuable. Quelques minutes avant le début d’un rassemblement, les participants prennent connaissance du point de rendez-vous sur le réseau social Snapchat. Parking du Super U à Neuville, avenue du Futuroscope à Chasseneuil, ces lieux d’ordinaire calmes voient affluer des centaines de véhicules à la nuit tombée. « Je me suis rendu à un rassemblement il y a un an. L’ambiance était sauvage. La plupart des participants sont jeunes, ils restent au bord de la route pour regarder les bolides accélérer et drifter(1) », explique Maxime. Mais si un pilote rate sa manœuvre, cela peut virer au drame... »
C’est ce qui s’est produit le
16 janvier près de Nantes, rappelle Muriel Rault, directeur interdépartemental de la police nationale de la Vienne. Un pick-up a percuté la foule, faisant sept blessés, dont un jeune de 17 ans en urgence absolue. L’un des participants poitevins assure n’avoir jamais vu de telles pratiques :
« On est des passionnés, on souhaite juste se réunir de façon statique. Dans nos événements, il n’y a ni drift ni run. » N’empêche, un motard a été interpellé pas plus tard que le 24 janvier après avoir tenté d’échapper à la police. Il roulait à 175km/h sur une portion limitée à 50km/h, rue de l’Aérodrome à Biard.
Ralentissement
Ce ne sont pas les seuls désagréments engendrés par ces rendez-vous « sauvages ».
« Les habitants se plaignent des nuisances sonores liées au vrombissement des moteurs, aux tirs de mortiers, ainsi que des infractions au code de la route », commente le capitaine Yannick Monteil. Les forces de l’ordre notent cependant un ralentissement de l’activité depuis quelques semaines, après la garde à vue et la convocation en justice de Raptorbalti. Le jeune homme de 27 ans, qui compte environ 1 950 abonnés sur Instagram, se défend. « Ils m'ont attrapé, moi, parce que j’ai une communauté très active. Je n’organise rien, je fais seulement du partage de contenu sur mes réseaux. Je ne comprends pas pourquoi je trinque pour les bêtises des autres. » Le jeune homme admet cependant avoir créé des partenariats avec deux bars poitevins, ainsi qu’une pétition intitulée « Un lieu pour les rassos à Poitiers », adressée au préfet de la Vienne.
Vaste opération policière
Un autre facteur a sans doute joué. Le 6 décembre dernier, trente policiers et quinze gendarmes ont mené une opération conjointe de contrôle des véhicules à Biard. Cette action d'envergure a permis de relever quarante-et-une infractions, dont trois délits(2) et de dresser trente-huit contraventions pour excès de vitesse, véhicules non homologués (plaques d’immatriculation amovibles, lignes d’échappement modifiées) et défaut d’assurance. « Nous menons une veille sur les réseaux sociaux pour localiser chaque rassemblement et mettons en place un dispositif préventif tous les vendredis soir pour détecter et réprimer les infractions », assure Muriel Rault. Il rappelle également que des associations organisent des rassemblements légaux dans la Vienne.
(1)Figure réalisée en voiture ou en moto qui consiste à faire déraper la ou les roues arrière du véhicule sur place provoquant de la fumée et du bruit.
(2)Le parquet de Poitiers a ouvert deux enquêtes pour « organisation d'un rassemblement de conducteurs de véhicules terrestres à moteur destiné à permettre des violations de la réglementation routière compromettant la sécurité des usagers ou la tranquillité publique ».
DR DIPN