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Claudette Trichet habite un hameau de la commune de Bonnes. La retraitée de 81 ans est veuve depuis l’année dernière. Et elle ne conduit plus. Problème : elle doit régulièrement se rendre dans un cabinet de kinésithérapie pour « des problèmes de dos ». Bonnes- Chauvigny, 6km et 7 minutes. Rien d’insurmontable quand on a le permis et une voiture. Sauf que... Ce mercredi, c’est Jean-Louis Girault qui l’emmène à son rendez-vous. Il a découvert le transport solidaire en 2020, « grâce à ma femme qui est médecin ». L’ancien avocat au barreau de Poitiers « adore conduire » et a déjà « assuré » des trajets jusque dans les Deux-Sèvres ou à Tours. De quoi recueillir pas mal de confidences...
Dans l’est de la Vienne, le principe est simple : les bénéficiaires appellent l’entreprise « sociale et solidaire » VMS86. Sa coordinatrice Aurélie Jimenez les met en relation avec l’un des 52 bénévoles susceptibles de les véhiculer, qui pour un rendez-vous médical, qui pour des courses... « A titre personnel, je fais entre un et quatre trajets par semaine », abonde Jean-Louis Girault, devenu administrateur de VMS86. En novembre, 149 transports ont été assurés, autant de solutions de proximité trouvées pour des retraités, mais pas seulement. « Des jeunes sous tutelle, des mères de famille isolées, etc. Les problèmes de mobilité touchent tout le monde. » Les passagers éphémères contribuent au service pour une somme modique : 5€ l’aller-retour pour Claudette, pour les frais d’essence. « Mais qu’est-ce que ça me rend service ! », sourit-elle en descendant de la voiture.
Selon une récente enquête de l’UFC Que Choisir, plus de 10 millions de personnes n’ont aucun accès à un moyen de transport en commun dans un rayon de 10 minutes de marche. C’est 17% de la population, et même 30% dans la Vienne où la problématique concerne 122 000 habitants. Le transport solidaire, solution d’avenir ? Assurément, pour combler ce que l’association de consommateurs appelle « les zones blanches ». A l’échelle départementale, le CIF-SP a mis en place une plateforme regroupant l’ensemble des offres émanant de 144 communes. « Cela représente 2 636 bénéficiaires et 333 chauffeurs solidaires, indique Thérèse Devillers, directrice adjointe de l’organisme. Nous sommes passés de 3 559 demandes en 2022 à 7 380 en 2024 (+107%, ndlr). » Si neuf trajets sur dix sont réalisés, l’alternative trouve ses limites dans l’explosion des besoins. Car le service rendu dépend du montant des subventions publiques et du nombre de volontaires. « Ce qu’on fait a du sens, conclut Christian, un « collègue » de Jean-Louis Girault. Quand on voit la reconnaissance des gens, dans leurs yeux ou leurs paroles, on se sent très utile. »
Contacts : vms86.fr - 05 16 08 43 11 - CIF-SP : 05 49 37 07 78 - cif-sp.org/transport-solidaire.
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