Quand la solidarité 
transporte

Selon une enquête de l’UFC Que Choisir, près de 30% des habitants de la Vienne n’ont aucun accès à une solution de mobilité collective. Dans les campagnes, l’alternative se nomme le transport solidaire. Exemple dans le Chauvinois.

Arnault Varanne

Le7.info

Claudette Trichet habite un hameau de la commune de Bonnes. La retraitée de 81 ans est veuve depuis l’année dernière. Et elle ne conduit plus. Problème : elle doit régulièrement se rendre dans un cabinet de kinésithérapie pour « des problèmes de dos ». Bonnes-
Chauvigny, 6km et 7 minutes. Rien d’insurmontable quand on a le permis et une voiture. Sauf que... Ce mercredi, c’est Jean-Louis Girault qui l’emmène à son rendez-vous. Il a découvert le transport solidaire en 2020, 
« grâce à ma femme qui est médecin ». L’ancien avocat au 
barreau de Poitiers « adore conduire » et a déjà « assuré » des trajets jusque dans les Deux-Sèvres ou à Tours. De quoi recueillir pas mal de confidences...

5€ l’aller-retour

Dans l’est de la Vienne, le principe est simple : les bénéficiaires appellent l’entreprise « sociale et solidaire » VMS86. Sa coordinatrice Aurélie Jimenez les met en relation avec l’un des 52 bénévoles susceptibles de les véhiculer, qui pour un rendez-vous médical, qui pour des courses... « A titre personnel, je fais entre un et quatre trajets par semaine », abonde Jean-Louis Girault, devenu administrateur de VMS86. En novembre, 149 transports ont été assurés, autant de solutions de proximité trouvées pour des retraités, mais pas seulement. « Des jeunes sous tutelle, des mères de famille isolées, etc. Les problèmes de mobilité touchent tout le monde. » Les passagers éphémères contribuent au service pour une somme modique : 
5€ l’aller-retour pour Claudette, pour les frais d’essence. « Mais qu’est-ce que ça me rend service ! », sourit-elle en descendant de la voiture.

Aux limites du système

Selon une récente enquête de l’UFC Que Choisir, plus de 10 millions de personnes n’ont aucun accès à un moyen de transport en commun dans un rayon de 10 minutes de marche. C’est 17% de la population, et même 30% dans la Vienne où la problématique concerne 122 000 habitants. Le transport solidaire, solution d’avenir ? Assurément, pour combler ce que l’association de consommateurs appelle « les zones blanches ». A l’échelle départementale, le CIF-SP a mis en place une plateforme regroupant l’ensemble des offres émanant de 144 communes. « Cela représente 2 636 bénéficiaires et 333 chauffeurs solidaires, indique Thérèse Devillers, directrice adjointe de l’organisme. Nous sommes passés de 3 559 demandes en 2022 à 7 380 en 2024 (+107%, ndlr). » Si neuf trajets sur dix sont réalisés, l’alternative trouve ses limites dans l’explosion des besoins. Car le service rendu dépend du montant des subventions publiques et du nombre de volontaires. 
« Ce qu’on fait a du sens, conclut Christian, un « collègue » de Jean-Louis Girault. Quand on voit la reconnaissance des gens, dans leurs yeux ou leurs paroles, on se sent très utile. »


Contacts : vms86.fr
 - 05 16 08 43 11 - 
CIF-SP : 05 49 37 07 78 - cif-sp.org/transport-solidaire.

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