Saint-Ex : l'envolée esthétique

Dans Saint-Ex, Pablo Agüero dresse le portrait d’Antoine de Saint-Exupéry tel qu’il l’admire et le rêve, au risque de perdre le spectateur au-dessus de la cordillère des Andes.

Claire Brugier

Le7.info

En préambule de son nouveau long-métrage, le réalisateur argentin Pablo Agüero a fait inscrire noir sur blanc qu’il s’agissait d’un « hommage à Antoine de Saint-Exupéry ». Pas un biopic, un hommage. Et il tient parole. Saint-Ex brosse un portrait onirique et fantasmé de l’aviateur-écrivain que le spectateur découvre débordant d’insouciance dans un frêle aéronef chahuté par un violent orage. Il plaisante par radio interposée, joue avec le soleil, dessine une île aperçue en contrebas… Improbable ? Un peu sans doute, mais quand on aime on ne compte pas, et Pablo Agüero aime visiblement « Saint-Ex » au point de vouloir en faire un personnage de conte. Qu’importe dès lors que les lumières soient artificielles, que les contrastes soient excessifs, que les couleurs soient irréelles. A travers une esthétique saturée d’images de synthèse, le réalisateur donne sa vision, intemporelle, d’Antoine de Saint-Exupéry, aviateur-né, ami fidèle d’Henri Guillaumet, son collègue dans l’Aéropostale, et père du Petit Prince. 
On est en 1930, Saint-Ex est en poste en Argentine. Il est incarné à l’écran par un Louis Garrel qui ne ressemble en rien à l’original, pas plus d’ailleurs que Vincent Cassel ne rappelle Henri Guillaumet. L’essentiel est dans leur passion commune de l’aviation et plus encore dans l’amitié indéfectible qui les lie. Elle est le fil conducteur de cette (longue) fresque sur l’homme, la machine et la nature. On sourit un temps devant les clins d’œil -appuyés- au Petit Prince, on s’habitue -ou pas- à la voix off du directeur de l’Aéropostale (Benoît Magimel), on s’émerveille devant la beauté de la cordillère des Andes vue du ciel. Mais vient le moment où les images, aussi saisissantes soient-elles, ne suffisent plus à tromper l’ennui. A trop vouloir afficher ses intentions, Pablo Agüero finit par désarmer toute tension dramatique et par phagocyter le jeu des acteurs. Quant à la conclusion, elle ne s’imposait pas.

Drame, de Pablo Agüero, avec Louis Garrel, Diane Kruger, Vincent Cassel (1h38).
 

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