Hier
Deux mois après L’Amour Ouf, les cinéphiles remontent à nouveau le temps avec Leurs enfants après eux pour découvrir le paysage lorrain des années 1990 gangréné par la crise. Difficile d’en sortir indemne.
Trois, deux, un… C’est parti pour un voyage dans le temps direction l’été 1992. Anthony (Paul Kircher), 14 ans, s’ennuie pendant les vacances qu’il passe chez lui, en Lorraine. Mais l’été prend rapidement une autre tournure lorsqu’il rencontre « Steph » (Angelina Woreth) au bord d’un lac. C’est le coup de foudre. Amoureux, l’adolescent décide de tout mettre en œuvre pour la revoir quitte à prendre une décision qui va bouleverser le reste de sa vie : emprunter la précieuse moto de son père (Gilles Lellouche). Si ce résumé -garanti sans spoiler- semble annoncer un film léger sur l’adolescence et les premiers émois, Leurs enfants après eux est en réalité plus complexe et à déconseiller aux plus sensibles. L’adaptation du roman éponyme de Nicolas Mathieu, prix Goncourt 2018, plonge le spectateur dans l’est de la France impacté par la fermeture des aciéries. La découverte du premier amour côtoie ainsi la difficulté d’un monde touché par la crise, la violence, la montée du racisme et de la délinquance. Deux mois après la sortie du très apprécié L’Amour Ouf de Gilles Lellouche, la comparaison semble inévitable. Même époque, une histoire d’amour, de la violence et du déterminisme social, autant d’ingrédients que l’on retrouve dans le film de Ludovic et Zoran Boukherma. La recette est un succès. Malgré les quelques petites longueurs des premières minutes, le pari de l’adaptation est réussi grâce à la justesse de l’intégralité du casting. Très dur, le long-métrage propose néanmoins un équilibre maîtrisé entre la violence ambiante qui tient le spectateur en haleine et la légèreté du romantisme et de l’adolescence. Les nostalgiques des années 1990 sont servis grâce à des madeleines de Proust disséminées un peu partout et retrouvent ainsi les francs, les albums Panini ou encore les phares jaunes de leur jeunesse. Une chose est sûre : si Anthony s’ennuie au début du film, le spectateur ne voit pas passer les 2h21.
Drame, de Ludovic et Zoran Boukherma, avec Gilles Lellouche, Paul Kircher, Angelina Woreth, Ludivine Sagnier (2h21).
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