Une école en terre pour les maternelles

Les petites et moyennes sections de l’école maternelle de Mignaloux-Beauvoir rejoindront en janvier leurs aînés dans leur nouvelle école, flambant neuve certes, mais surtout en terre crue. Une construction inédite dans la Vienne.

Claire Brugier

Le7.info

Les élèves de grande section s’y sont installés les premiers dès la rentrée, leurs cadets de petite et moyenne sections suivront en janvier dans le bâtiment attenant, jusqu’à présent dédié au centre de loisirs. Une école flambant neuve ? La belle affaire ! La maternelle de Mignaloux-Beauvoir n’est pas que cela. Dans ses murs, ni briques, ni béton mais... une ossature bois comblée par un mélange de paille hachée, de chanvre, de sable et de terre pour « un bâtiment sobre à tous les niveaux », explique la maire Dany Coineau.

Si l’ampleur du projet, initialement de huit classes, a été réduit à quatre classes pour un coût de 4,7M€ -dont 1M€ de subventions-, l’ambition éco-responsable n’a pas été revue à la baisse. Voilà une école que Charles Perrault n’aurait pas renié pour ses Trois Petits Cochons ! « C’est un peu une première, confirme Brice Kester, architecte au sein de l’agence poitevine Duclos-Riboulot-Kester Architectes, en charge de la maîtrise d’œuvre. Il ne s’agit pas d’une construction en briques de terre crue, mais en terre directement extraite à Mignaloux. » Non pas la terre végétale « car elle pourrait pourrir », mais celle qui sommeille à 15 ou 20cm de la surface du sol. « Pour ce projet, nous avons travaillé avec une entreprise spécialisée dans la construction en terre crue (ndlr, Créanjou). Des échantillons ont été prélevés pour voir comme elle réagissait, des essais au feu ont été réalisés en laboratoire. » La terre de Mignaloux, un peu collante -« on dit ici que c’est une terre d’amitié », sourit Dany Coineau-, a été validée. 


163m2 de parois en terre

Les travaux, débutés en mars 2023, ont duré dix-huit mois, sous le regard curieux des enfants. « Ils sont venus visiter, ils ont manipulé et sont repartis chacun avec une boule de terre, note Christine Brothier, l’une des enseignantes. Nous avons fait un travail sensoriel sur les matériaux, sur le fait aussi que les murs étaient fragiles, vivants. » A l’intérieur de l’école, la terre reste volontairement visible dans le couloir qui mène à la cour, dans les salles de classe et dans le réfectoire, soit une surface totale de 163m2 de parois, pour environ 37m3 de terre crue. « La maternelle fait partie des premiers moments de la vie où l’on découvre son environnement, note Brice Kester. De plus, la terre a un toucher et un aspect visuel apaisants. » 
Elle a évidemment d’autres propriétés, qui font espérer à la municipalité mignalienne des économies d’énergie. « A l’extérieur, l’enveloppe est composée de terre et de paille hachée, comme un manteau susceptible de réduire les déperditions de chaleur et, globalement, de lisser les courbes de température, détaille l’architecte. A l’intérieur, la terre forme une masse comme le béton, mais elle gère mieux l’hygrométrie, elle régule le taux d’humidité comme par magie en fonction des besoins humains, soit autour de 50-60%. » De quoi servir d’exemple à de futures constructions… tout en s’inspirant d’anciennes, comme les maisons en terre crue du marais d’Ouzilly-Vignolles.

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