Une grève a débuté lundi au sein de la police municipale de Poitiers. Dans un climat qu’ils considèrent de plus en plus anxiogène sur le terrain, les agents via le syndicat Unsa réclament une arme de service. Les élus fixent des préalables.
L’armement de la police municipale n’est « pas d’actualité »,
même si « l’augmentation des incivilités sur les porteurs d’uniformes » inquiète. Ces propos de Léonore Moncond’huy remontent au 26 octobre 2022. Deux ans plus tard, la maire de Poitiers persiste et signe. « Je ne suis pas sûre que cela corresponde à un besoin réel sur la ville de Poitiers... », a-t-elle indiqué la semaine dernière sur France 3, en marge d’une émission spéciale sur le drame des Couronneries, un mois après. « On n’a jamais dit non à rien, on est ouvert pour travailler sur ce sujet... », précise cependant Amir Mistrih.
Le 27 novembre, l’adjoint à la Sécurité de la Ville a échangé en visio avec des représentants de l’Unsa police municipale, à l’origine d’un préavis de grève d’un mois, du
1er au 31 décembre avec un rassemblement devant la mairie mardi. « On a envoyé un questionnaire aux agents. Vingt et un sur vingt-quatre nous ont dit ne pas se sentir en sécurité dans leurs missions, indique Manuel Herrero, secrétaire général de l’Unsa police municipale, qui va créer une section à Poitiers. La délinquance est en constante augmentation et il y a une réelle demande des administrés... Il faut que la maire de Poitiers l’entende ! »
Un Beauvau des polices municipales
Alors, fournir des armes létales aux policiers municipaux poitevins(*), une nécessité absolue ? « Nous n’avons jamais eu de demande écrite formulée avant, rappelle Amir Mistrih. L’élu entend « objectiver la situation » et rappelle qu’il n’a « pas de procès-verbal faisant état d’agressions, en dehors des insultes hélas classiques. Et puis, le maintien de l’ordre public ou le trafic de stupéfiants ne sont pas dans le champ de compétences de la police municipale. L’Etat a le monopole de la violence légitime... » L’exemple de Bordeaux, où le maire écologiste Pierre Hurmic a choisi d’équiper 50 de ses 200 agents ? « Son projet ne s’est pas décidé en une soirée parce que deux représentants syndicaux ont exprimé un besoin... », tranche Amir Mistrih.
Le sujet devrait évidemment venir sur la table dans les semaines à venir avec le bilan global de la réorganisation effective depuis mars 2024. « On tient à la méthode mais aussi à la vision. On doit réfléchir aux équipements en fonction des besoins », martèle l’élu. Un
« attentisme » que Manuel Herrero dénonce. « Vous ne pouvez plus envoyer des policiers municipaux sur un marché de Noël avec une lampe électrique ! » Et le syndicaliste de citer « une intervention récente sur un trouble à l’ordre public où les collègues n’ont pas osé descendre de leur voiture en attendant la police nationale. Une arme, ça les rassure ».
Dans l’Hexagone, selon les derniers chiffres du ministère de l’Intérieur, 58% des policiers municipaux portent une arme létale (neuf communes dans la Vienne, Buxerolles, Châtellerault, Chauvigny, Loudun, Migné-Auxances, Montmorillon, Neuville, Saint-Benoît et Saint-Georges-lès-Baillargeaux). Initié en avril 2024, avant la dissolution, le Beauvau des polices municipales a repris la semaine passée. Les discussions entre les représentants des maires et l’Etat portent, entre autres, sur l’extension des missions.
(*)Aujourd’hui, ils sont équipés d’un bâton téléscopique, d’une bombe lacrymogène et d'un générateur aérosol incapacitant lacrymogène. Trente postes sont ouverts mais seulement 24 occupés. Six agents déjà recrutés sont attendus dans les mois à venir.