Aujourd'hui
Dans En Fanfare, son dernier long-métrage, Emmanuel Courcol promène sa caméra jusque dans les décors du Nord et embarque le spectateur au cœur d’une histoire fraternelle. Un film maîtrisé, sensible et émouvant juste ce qu’il faut.
D’un côté Thibault Desormeaux, un chef d’orchestre mondialement connu, de l’autre Jimmy Lecocq, saxophoniste dans… l’Union musicale des mineurs de Walincourt. Ces deux-là n’étaient assurément pas faits pour se rencontrer. Mais voilà que fortuitement, au détour d’une urgence médicale, ils découvrent qu’ils sont frères. Passé le choc de la découverte, ils vont apprendre à se connaître, entre le décor feutré et luxueux de la Seine musicale et les paysages de brique rouge du Nord.
De prime abord, le propos du nouveau long-métrage d’Emmanuel Courcol, En fanfare, peut laisser craindre une avalanche de bons sentiments sertis de clichés embarrassants. Vouloir réconcilier sur grand écran, en moins de deux heures, des mondes que tout oppose, le pari est risqué et nombre de réalisateurs y ont déjà abîmé leur caméra. Pas Emmanuel Courcol. Après Un triomphe, dans lequel il créait un pont entre théâtre et monde carcéral, le réalisateur évite une nouvelle fois l’écueil de la caricature facile. Servi par un casting de choix mêlant comédiens professionnels et musiciens anonymes d’une vraie harmonie du Nord, En fanfare délivre son message sans tambours ni trompettes, avec une sincérité troublante. Le Poitevin Benjamin Lavernhe, de la Comédie-Française, et son « frère » Pierre Lottin sont remarquables de justesse, tout comme Sarah Suco (émouvante Sabrina) et les autres protagonistes de cette aventure musicale et humaine. La caméra d’Emmanuel Courcol s’invite sous le ciel gris du Nord, sur fond de précarité et de conflit social, pour raconter avec pudeur et sobriété le pouvoir de la musique. On retient un sourire, puis une larme, un sourire encore… Les émotions se succèdent doucement, sans excès, au point qu’on aimerait bien rester encore un peu avec Thibault, Jimmy, Sabrina et les autres.
Comédie dramatique, d’Emmanuel Courcol, avec Benjamin Lavernhe, Pierre Lottin, Sarah Suco (1h44).
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